Une grève des conducteurs de bus et tramway d’Orléans perturbe l’inauguration de la seconde ligne du réseau de tramway. Les salariés estiment que leur augmentation de salaire a été sacrifiée sur l’hôtel de la DSP par Keolis.
En France, les inaugurations de tramway se suivent et ne se ressemblent pas. A l’inverse de Montpellier, la fête a été perturbée à Orléans. La seconde ligne (B) lancée ce vendredi 29 juin se pare d’une grève des conducteurs en guise de bienvenue. Le conflit qui couve depuis des semaines a atteint son point d’orgue ce matin avec 75 % de grévistes selon les syndicats (50 % des salariés dont 72 % de conducteurs selon la direction). L’inauguration a tout de même eu lieu, mais le climat n’est pas au beau fixe au sens propre comme au figuré. "Nous avons tout de même été en mesure de faire circuler les 16 rames comme nous l’avions prévu. Il est simplement regrettable que la manifestation organisée ait quelque peu perturbé la circulation contrairement à ce qui avait été annoncé par les organisations syndicales. La fête n’a pas été gâchée pour autant. Certains réseaux ont connu des inaugurations bien plus compliquées", raconte Pierrick Poirier, directeur opérationnel du réseau Tao.
Le réseau le moins bien payé ?
Les grévistes regrettent la dégradation de leurs conditions de travail et la faiblesse de la revalorisation des salaires dans le cadre de la nouvelle DSP remportée par Keolis en juillet 2011. Les syndicats ont rejeté l’augmentation de 1,5 % proposée par la direction trop éloignée selon eux des 4 % qu’ils attendent, estimant qu’Orléans est le grand réseau le "moins bien payé de France", explique un représentant syndical du réseau à nos confrères de France 3 Centre (voir vidéo). Les organisations syndicales estiment également que c’est la nouvelle DSP et l’absence de marge de manœuvre qu’elle donne qui a conduit à cette impasse : "l’intégralité du personnel a été repris avec ses avantages et les accords passés antérieurement. Nous avons également engagé 35 personnes en vue de l’exploitation de la ligne B du tramway. Aussi, il est faut de prétendre que nous avons signé une DSP au rabais".
Négociations difficiles
Du côté de la direction le discours diffère. "En début d’année, nous avions proposé 2,8 % d’augmentation assortie d’une prime de 150 euros pour accompagner le lancement de la ligne B, l’augmentation montait même à 5,3 % pour les plus bas salaires. Seuls deux syndicats ont signé l’accord, il n’a pu être appliqué", précise Pierrick Poirier. En avril, Keolis a ainsi appliqué de manière unilatérale une augmentation générale de 2 % (4,5 % pour les plus bas salaires). Une décision qui a enclenché le conflit et la demande de 4 % d’augmentation pour tous. "Cela ne correspond pas aux réalités économiques du moment. Cela se solderait par une augmentation de 700 000 euros de notre masse salariale qui ne serait pas tenable", assure Pierrick Poirier. Ce dernier réfute également le fait qu’Orléans serait le réseau le moins bien traité par Keolis sur le plan salarial. "Il faut prendre l’ensemble de la rémunération en incluant les primes qui sont assez nombreuses. Ainsi, prenant la rémunération annuelle globale, Orléans se situe dans une bonne moyenne. Enfin, nous avons repris le réseau avec son historique et avons hérité de la politique salariale de nos prédécesseurs. Je constate également que la présence de cinq syndicats rend les relations sociales difficiles et ne facilite pas la conclusion d’accords gagnant-gagnant", conclut Pierrick Poirier.