Tours et la mobilité douce, vers une prise de conscience collective ?
À la veille de la COP 21, une conférence s'est tenue le 4 novembre à l'université François-Rabelais de Tours (Indre-et-Loire) sur le rôle grandissant que doit jouer la mobilité douce en faveur de la défense de la planète. À Tours, quatre acteurs parlent d'une même voix, appelant à une prise de conscience politique et individuelle, devant faire reculer l'omniprésence de la voiture dans les déplacements courts, domicile-travail.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Une voiture individuelle coûte en moyenne 5 000 euros par an aux ménages, 70% des déplacements s'effectuent en voiture, notamment pour des trajets en ville de moins de trois kilomètres. À Tours, Citiz, qui promeut la voiture en auto-partage, le collectif cycliste 37, les plateformes Mobilité Emploi 37 et Wimoov, qui aident les personnes en situation d'insertion professionnelle à lever l'obstacle de la mobilité, oeuvrent en faveur d'une valorisation des modes de transport respectueux de l'environnement. À la lumière de ces indicateurs, un responsable associatif attend “une utilisation différente de la voiture. Avec 35% des émissions carbone en 2014 (chiffre ADEME), celle-ci est très liée au réchauffement climatique".
Martin Ray, vice-président du collectif cycliste 37 a cité Albert Einstein, en préambule de son intervention : "La folie, c'est de se comporter de la même façon et s'attendre à un résultat différent". Car, pour lui, l'utilisation des voitures n'est "tout simplement pas supportable pour le climat et la planète". Toutefois, il ne considère pas que le vélo soit la seule alternative. Il prône "un avenir multimodal, dans lequel le vélo tiendrait une place centrale", en suivant l'exemple de villes nordiques comme Copenhague ou Amsterdam. Bien adapté en milieu urbain, ce type de déplacements peut aussi se développer en zones périurbaines et rurales "comme complément d'autres modes de transport".
Des expérimentations telles que l'intégration de vélos en libre-service et de l'autopartage dans les abonnements du réseau de transport urbain de Belfort, la mise en place de bornes tactiles interactives en Corée du Sud ou la mise à disposition dans les villes du Japon d'arbres à vélos - une solution verticale de stationnement, sans mordre sur un espace public très contraint - sont autant d'innovations qui fluidifient les échanges entre les différents modes de transports (y compris les modes lourds).
Présent dans une salle, malheureusement clairsemée, Jean-Michel Bodin, vice-président du Conseil régional en charge des Transports, a indiqué qu'il fallait "reconsidérer le rôle et la place des infrastructures" et continuer à développer le ferroviaire "dans une cohérence d'utilisation d'offre qui structure". Il appelle à une "simplification des procédures pour aboutir à des titres uniques, valables sur tout le territoire régional". La centrale de mobilité créée par la région Centre-Val de Loire, présidée par le socialiste François Bonneau, constitue, à cet égard, une première réponse.
Il souhaite aussi "réimplanter de l'économie dans tous les territoires de la région pour éviter aux citoyens d'avoir à effectuer des millions de kilomètres en voiture pour se rendre à leur travail". L'élu communiste partage aussi le constat d'urgence à faire évoluer les mentalités "pour les générations à venir". S’infusant rapidement sur le terrain, les enjeux de la COP 21 entrent en résonance avec les préoccupations d’une part de plus en plus significative de la population.