Tours-Bordeaux : la LGV démarre sans avoir bouclé son budget
Incertitude pour Toulouse et Dax. Mise en service le 2 juillet, la LGV Tours-Bordeaux court encore après une partie de son financement : il manque en effet 350 millions d’euros sur les 7,8 milliards investis. En cause, la part abondée par les collectivités locales. Sollicitées pour 1,3 milliard, 33 régions et départements ont signé en 2014 une convention de financement avec la SNCF. Parmi ces collectivités, certaines avaient pris soin de soumettre la totalité de leur participation au prolongement de la ligne vers Toulouse et Dax, appelée Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO). La réalisation de ce projet reste incertaine d'un point de vue économique, et contestée par de nombreux opposants. Le 26 juin, le conseil d’Etat a ainsi annulé les requêtes déposées en vue de l’annulation du décret de Déclaration d’Utilité Publique (DUP) du GPSO, publié il y a un an. Mais deux jours plus tard, le tribunal administratif de Bordeaux annulait à son tour la DUP d'une partie de la ligne, au sud de Toulouse, suivant les arguments des opposants à la LGV. L'Etat a indiqué faire appel de ce jugement, ce qui répond à la demande exprimée par la présidente PS de la région Occitanie, Carole Delga, le président PS du Conseil départemental de la Haute-Garonne, Georges Méric, et le président LR de Toulouse Métropole, Jean-Luc Moudenc. Début juin, ces trois élus avaient d’ailleurs écrit au gouvernement pour demander la confirmation du calendrier du projet d'extension de la LGV. La réalisation du GPSO porterait le coût total de la ligne à 8,3 milliards d'euros.
Un réseau TGV en recherche de rentabilité. Autre obstacle à la contribution financière des collectivités locales : l’inflexion de la politique de desserte de la SNCF, qui a décidé de recentrer les LGV sur les gares principales pour privilégier les trains directs. Résultat : moins de villes desservies, et des correspondances à organiser avec les TER, eux-mêmes financés par les régions. La SNCF espère ainsi améliorer la rentabilité sur le réseau LGV, qui souffre de l’augmentation des péages ferroviaires. L’ensemble des péages acquittés pour faire circuler les TGV coûterait ainsi 2 milliards par an à SNCF Mobilité, versés à SNCF Infrastructure (ex-RFF). Particularité de la ligne Tours-Bordeaux, ces péages ( 250 millions d’euros par an) seront versés à Liséa, consortium mené par Vinci, créé dans le cadre d’un partenariat public-privé pour la construction et l’exploitation de la ligne. Ce montage financier, premier du genre pour la construction d’une LGV, avait été adopté en raison du manque d’argent public. L’Etat français a concédé à Liséa l’exploitation de la ligne pour une durée de 50 ans.
Sandrine Garnier