Le 1er septembre, Saint-Nazaire espère provoquer l’étonnement de ses habitants en offrant la ville aux bus, BHNS en tête.
"Le 1er septembre tout change". Ce pourrait être un slogan, c’est simplement un choix destiné à marquer les esprits. Ce jour-là, la ville de Saint-Nazaire sera livrée à des transports publics d’un format nouveau : neuf lignes de bus urbaines et périurbaines reliées à un axe de grande circulation de 9 km, dont les deux tiers en voie réservée, parcouru par un bus articulé à haut niveau de service (BHNS) roulant régulièrement et rapidement au cœur de la ville, puis s’échappant par deux branches en Y de circulation moins intense. Ce bus et ce projet ont été baptisés "Hélyce". Pour la ville (50 000 habitants) et les dix communes de l’agglomération (115 000 habitants) c’est la première véritable distance prise avec l’automobile. "Ville de la reconstruction, Saint-Nazaire avait jusqu’ici fait la part belle à la voiture", racontent volontiers les films de promotion diffusés ça et là dans la ville et sur internet. Dans cette cité, dont le toit des immeubles est périodiquement regardé de haut - et de près - par les paquebots en construction aux Chantiers de l’Atlantique, la voiture représente 74% des déplacements. La population ne cesse de croître. Les bouchons se sont installés dans le quotidien. "Nous voulons créer une véritable rupture psychologique en faveur du bus. Le premier levier que nous utilisons, c’est de donner envie de prendre alors qu’il n’est vu jusqu’ici que le moyen de se déplacer pour ceux qui ne peuvent faire autrement", raconte Yann Dufour, le directeur du projet à la communauté d’agglomération. Ceci d’autant plus que le bus est en retard de façon chronique. Avec une moyenne de 14 000 voyageurs par jour, il transporte 4% des habitants qui ont à se déplacer. Hélyce doit séduire rapidement une partie des automobilistes actuels et faire grimper cette proportion le plus vite possible à 6%, ce qui équivaut environ à 20 000 voyages par jour.
Moins de place pour le stationnement, pas pour la circulation automobile
L’envie semble avoir été déclenchée, par le véhicule-symbole de l’opération, ce bus articulé (un Mercedes Citaro) à la livrée toute en fluidité et en souplesse. Les Nazairiens l’ont découvert "avec plaisir" à la mi-juin. Ils l’ont "trouvé beau". A la nouveauté du véhicule s’ajoute le design des stations et leur "haut niveau de service" : information dynamique des voyageurs, distributeurs de tickets de transport dans la moitié d’entre elles (10 sur 20). "Facilité d’accès, lisibilité, notre objectif est que les gens se disent déjà : nous serions mieux dans le bus", explique Yann Dufour. Sous-entendu : "que dans la voiture".
Cependant, le parcours du BHNS, n’a pas été dessiné pour "empêcher" la circulation automobile. Les portions de couloir réservé ont été aménagées en supprimant surtout des places de stationnement. Pas en empiétant sur l’espace de circulation automobile. "Il faut que la ville continue de fonctionner", remarque Yann Dufour. Quant au stationnement, il est "réglementé", expression préférée à "payant" : la première heure de stationnement est gratuite (ou demi-heure, selon les endroits). Mais l’opération de séduction du bus débutera, le 1er septembre par une semaine de transports gratuits.
La gare au centre de tout
Après le charme, la force de conviction du nouveau système de bus résidera dans sa nouvelle efficacité. Le rythme : un passage toutes les dix minutes dans l’axe central, toutes les vingt minutes sur les deux branches, vers Trignac, au Nord et vers Montoir-de-Bretagne à l’Est en passant par les zones d’activités des Chantiers de l’Atlantique et de l’usine Airbus. L’amplitude horaire également : de 5h30 à 23h. "Ce qui offre, pour la première fois, la possibilité d’emprunter le bus pour attraper les premiers trains de 6h30 vers Nantes où beaucoup de Nazairiens travaillent", souligne Yann Dufour. La plupart des quatre lignes urbaines et des cinq lignes périurbaines aboutissent à la gare centrale. "Nous n’avons pas choisi tout le temps le rabattement sur l’axe central", signale Yann Dufour. La gare devient dans le nouveau système le grand pôle d’échange multimodal de la ville. Remodelée, agrandie, elle est dotée de nouveaux quais pour autobus et autocars départementaux. Le pont traversant les voies ferrées, principale entrée dans la ville, a même été reconstruit, élargi. Deux pôles secondaires à l’Est et à l’Ouest servent de points de convergences à certaines lignes périurbaines desservant chacune des dix communes de l’agglomération. "L’ambition du projet est d’aller chercher les actifs qui se rendent au travail", annoncent les élus de l’agglomération de Saint-Nazaire.
Dans sa totalité, le projet coûtera 62,3 millions d’euros. Il a bénéficié de 3,2 millions d’euros de subventions de l’Etat, au titre du premier appel à projets de transports collectifs en site propre, consécutif au Grenelle de l’Environnement. Il bénéficie aussi des concours des collectivités locales (Département, Région), mais il est surtout financé par le versement transport passé cette année de 1,25% à 1,50%. Le 1er septembre, les Nazairiens se verront présenter une offre de transport non seulement plus attrayante mais également plus importante, augmentée de 600 000 km par an, pour un coût de 1,6 million d’euros. De cet effort, l’agglomération de Saint-Nazaire espère tirer une augmentation de la fréquentation bien plus forte en proportion. "Nous souhaitons capter 30% des automobilistes et faire passer les recettes de notre réseau de transport de 20% actuellement à 25% par rapport à ses dépenses", indique Yann Dufour.