Qualité de l'air: un pic de trafic automobile augmente les admissions aux urgences
Les jours de grève, la concentration en CO2 grimpe de 10%. Selon la dernière étude de l'Insee, publiée lundi 27 mai, la pollution de l’air issue du trafic automobile affecte la santé respiratoire des populations urbaines à très court terme. Pour étayer ces résultats, les scientifiques ont mesuré la qualité de l'air sur 91 journées de mouvements sociaux entre 2010 et 2015 sur les dix plus grandes aires urbaines françaises (Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Lille, Nice, Nantes, Strasbourg et Rennes). «Les perturbations dans les transports en commun urbains un jour de grève permettent d’isoler des variations de pollution de l’air attribuables au trafic automobile. En cas de perturbation des transports en commun, une partie de la population se tourne vers le transport automobile : les temps de parcours sont alors plus longs, et la pollution de l’air augmente», soulignent-ils. Le jour de la perturbation, la concentration en monoxyde de carbone est plus élevée, de l’ordre de +10% en moyenne. En conséquence, les admissions aux urgences pour affections aiguës des voies respiratoires supérieures (pharyngites, laryngites, maux de gorge) sont significativement plus nombreuses: 50% de plus qu’un jour normal. En outre, les jours suivants, la concentration en particules fines dans l’air augmente (de +10 à +13%), tout comme les admissions aux urgences pour anomalies de la respiration, le double d’un jour normal.
Moins de contact, moins de gastros. Seule point positif, la perturbation dans les transports induit une moindre propagation virale, due à moins d’échanges et contacts entre individus. Ainsi, les admissions aux urgences pour grippe et gastro-entérite diminuent les jours suivant la perturbation. De fait, les pathologies respiratoires d’origine virale seraient soumises à deux phénomènes aux effets opposés qu’il importe de distinguer: «une hausse induite par la pollution de l’air accrue, une baisse du fait d’une moindre contagion». Même si, au final, le constat d’une hausse des admissions de certaines pathologies respiratoires « confirme le rôle néfaste » de la pollution de l’air sur la santé respiratoire.
G. H.