Point de vue : Jean-Pierre Farandou, victime collatérale de la réforme ferroviaire ?
Le 30 mars 2016, l’Autorité de Régulation des Activités Routières et Ferroviaires (Arafer) a refusé la nomination de Jean-Pierre Farandou à la présidence de SNCF Réseau, proposée par le président du Conseil de surveillance de la SNCF en remplacement de Jacques Rapoport.
Réforme ferroviaire oblige, l’Arafer doit être consultée pour cette nomination afin de «garantir l’indépendance décisionnelle de SNCF Réseau et d’assurer les conditions d’un accès libre et non discriminatoire aux infrastructures ferroviaires». Et d’offrir «un gage important de l’impartialité du gestionnaire de réseau dans le groupe public intégré, récemment constitué», puisque «le régulateur peut s’opposer au choix de la personne pressentie [si elle] ne présente pas les garanties d’indépendance exigées».
Les qualités personnelles et les compétences professionnelles de Jean-Pierre Farandou ne sont pas en cause. C’est son parcours professionnel totalement lié à l’exploitation SNCF (aujourd’hui «SNCF Mobilités»), qui serait de nature «à susciter vis à vis des tiers un doute légitime» sur son indépendance (vis-à-vis de l’exploitant «historique»).
La réforme ferroviaire avec le «rapprochement» RFF–SNCF au cœur de la démarche, aura-t-elle tendance à créer ce type de situation ? Serions-nous (en partie) revenus à l’ «avant-1997», année de création de RFF ? Quand l’État, abandonnant toute expertise ferroviaire indépendante, se reposait sur la SNCF, exploitant, mainteneur et développeur du réseau...