Métro de Toulouse : 3e ligne et téléphérique au lieu du PLB
« C’est terminé pour le PLB », a tranché le président de Toulouse Métropole Jean-Luc Moudenc le 8 mars, devant les journalistes nombreux à suivre ce feuilleton. La desserte de la zone commerciale et d’emploi tertiaire de Labège par le prolongement de la ligne B du métro (PLB), inscrite au PDU de janvier 2006, est définitivement abandonnée. Mais pas la desserte de la zone en métro.
Le maire de Toulouse s’était entouré de trois de ses adjoints pour présenter sa contre-proposition, Jean-Michel Lattes, président de Tisséo, Francis Grass, président de la SMAT (chargée de la réalisation du métro), et Sacha Briant, qui a mené deux mois de négociations discrètes avec le Sicoval (communauté d’agglomération du Sud-Est de Toulouse, porteuse du projet de PLB).
« Notre objectif commun est de faire arrive le métro à Labège et, pour cela, nous cherchons un compromis dynamique entre le PLB, tel qu’il a été conçu il y a une quinzaine d’années, et le projet Toulouse Aerospace Express (TAE) présenté en conseil syndical de Tisséo SMTC le 18 décembre 2015 », a-t-il déclaré.
Rappelant que Toulouse Métropole contribue à hauteur de 98% à la part collectivités de Tisséo, et que l’addition des deux projets était insoutenable, le maire de Toulouse a détaillé sa proposition de prolonger la troisième ligne de métro vers Labège-La Cadène (connectée au TER), avec trois stations sur le territoire de Labège (INPT, Labège Innopole et Labège-Innométro). Contrairement à la proposition de décembre qui l’évoquait comme une option, la connexion de Labège est prévue dès le départ. Jean-Luc Moudenc indique même que les travaux pourraient commencer par là dès 2019. « La 3ème ligne desservira bien mieux les entreprises vers la gare SNCF et l’aéroport », a-t-il insisté, répondant ainsi aux inquiétudes de celles-ci, exprimées par le PDG de Sigfox Ludovic Le Moan. Le trajet serait réduit de 5 à 10 minutes, grâce à un trajet plus direct.
Pour la desserte du parc technologique du Canal, qui devait être une des stations du PLB, Toulouse Métropole décline la proposition du Sicoval d’une desserte via un prolongement en métro de Ramonville jusqu’à l’INPT : jugée trop coûteuse (220 M€) pour une fréquentation faible (2500 passagers par jour, alors que l'ensemble de la desserte du Sud-Est toulousaine drainerait 35 000 personnes). Sa solution : un téléphérique estimé à 40 M€, qui pourrait être mis en service en 2021. Le téléphérique, boudé par l’équipe du Capitole en début de mandat, devient désormais une solution performante et bon marché pour traverser le canal et l’autoroute, même s’il ne prolonge pas le téléphérique urbain sud. « Cette solution ne peut être satisfaisante quand on sait qu’une rupture de charge génère près d’un tiers de perte de fréquentation », a déjà répondu le président du département Georges Méric. Ce point représente « les 5% de désaccord avec le Sicoval alors que nous sommes d'accord à 95% », a regretté Jean-Luc Moudenc. Mais il a fait capoter les négociations.
Concernant le coût de réalisation de TAE, estimé à 2 milliards d’euros (plus 112 millions pour la variante desservant l’aéroport), Francis Grass affirme que « l'Etat a indiqué que le financement Etat-Région serait affecté sur la desserte INP-la Cadene ». Le financement sera présenté d’ici l’été.
Face aux embouteillages qui empoisonnent la vie quotidienne des milliers de salariés de la zone, la question des délais de réalisation est cruciale. Face à une date de mise en service de TAE en 2030 lancée dans les médias, mais « qui ne repose sur aucune étude », Jean-Luc Moudenc soutient la date de 2024 « calculée par des ingénieurs ». « Rennes a mis deux ans pour présenter son tracé, nous 9 mois. », souligne Jean-Michel Lattes. Le fait de ne pas passer par l’hypercentre accélèrera aussi les choses. « Nous avons de l’expérience car c’est notre troisième ligne de métro », rappelle enfin Francis Grass, qui a dirigé la SEMVAT, compagnie de transports de l’agglomération toulousaine, de 1988 à 2002, avant de prendre la direction de Veolia Transport. En 2017, Toulouse fêtera en effet les dix ans de sa deuxième ligne et en 2018, les 25 ans de sa première.