"Les rames Pécresse" : une série d'étapes ciblées avant financement
Valérie Pécresse, présidente du Conseil régional d’Île-de-France, précise sa volonté de donner un nouvel élan au renouvellement des matériels ferroviaires régionaux. Avec un plan fixé à l’horizon 2021 et qui, en sus des espoirs des usagers des transports, peut donner en quelque sorte un temps appréciable de «respiration» à l’industrie ferroviaire.
En effet, le ciblage de ce plan, aussi politiquement subtil qu’il soit, donne une visibilité intéressante ligne par ligne. Qui semble correspondre à des attentes précises dans les territoires aujourd’hui les moins bien desservis. C’est surtout le cas en Grande Couronne, où l’appel financier du Pass Navigo «dézoné» peut générer une demande accrue, à laquelle l’offre et les matériels actuels sont incapables de faire face. Même si le problème de fond est lié aux infrastructures dont la réalisation nécessite une vision qui va bien au-delà d’un simple mandat électif …
Même si les annonces à hauteur des 700 rames promises lors de la campagne des régionales assimilent des renouvellements et – à un moindre effet – des rénovations, le mouvement toucherait une part très significative des effectifs des lignes franciliennes, à hauteur de près de la moitié des effectifs actuels. Ces commandes devraient se répartit entre le RER et certaines lignes du Transilien parmi les plus chargées, et dont les matériels arrivent en limite d’âge.
Du côté des relations du RER exploité de façon «mixte» entre RATP et SNCF, la ligne A bénéficierait ainsi, outre les 34 rames à deux niveaux série MI 09 déjà en cours de livraison, de 43 rames supplémentaires de même type, tandis que la ligne B recevrait 37 rames qui seraient a priori issues de la même série. Les plus grosses commandes concerneraient les lignes C (42 rames) et D (130 rames), dont la nature des matériels reste encore à définir, une version «compatible SNCF» des MI 09 restant plausible. La ligne E recevrait 124 rames en développement des MI 2 N existants ou, en vertu d’un nouvel appel d’offres proposant des rames de type MI 09, également «compatibles SNCF». Une démarche qui n’interviendrait qu’à l‘occasion de la mise en œuvre du prolongement à l’ouest de la ligne, ce qui laisse encore une marge d’ici l’horizon officiel de 2020.
Un souffle salutaire pour l'industrie
Cette relance politique devrait avoir également d’importantes retombées industrielles, puisqu’elle permettrait aux constructeurs de ne pas ralentir ou interrompre - voire de liquider - certaines de leurs actuelles chaînes de production. Même si les entreprises restent encore en attente de commandes concrètes…
Chez Alstom on attend essentiellement de cette démarche le confortement des commandes liées au RER et aux lignes J (Paris-Mantes-Vernon) et L (Paris Versailles/Saint-Nom-la-Bretèche). Chez Bombardier, c’est surtout le devenir du Francilien (Z 50 000), un matériel très «formaté» Île-de-France*, qui est aujourd’hui en cause. Il devrait bénéficier de cette relance, puisque pas moins de 159 nouvelles rames seraient nécessaires, et s’ajouteraient aux 182 rames déjà livrées. Ainsi, selon le plan 86 rames nouvelles devraient être affectées aux lignes Transilien dites H et K (Paris Nord-Mitry-Mory-Crépy-en-Valois et Paris Nord-Ermont-Eaubonne-Pontoise), et comme à la ligne P (Paris Est – Provins/Coulommiers/Château-Thierry), le solde de la nouvelle commande abondant les lignes déjà équipées.
Bombardier devrait également livrer 42 rames à deux niveaux de type Regio 2 N en version banlieue pour les relations type Grande couronne de la ligne R, qui relie Paris Lyon à Montereau et à Montargis, en sorte de service de superposition à moyenne distances des relations du RER D. Ces rames seraient également affectées à la ligne N du Transilien (Paris Montparnasse-Versailles Chantiers Rambouillet/Mantes/Évreux ), ce qui nécessiterait pas moins de 50 rames, notamment en remplacement des actuelles rames VB 2 N tractées/poussées totalement hors d’âge.
Au-delà des promesses électorales en faveur des transports «tous modes», l’ampleur du renouvellement des parcs de matériels ferroviaires franciliens nécessite plus qu’un simple «coup de pouce» budgétaire. Puisque les 700 rames à acquérir (ou à rénover) annoncées lors de la campagne électorale totalisent un coût estimé à pas moins de 5,8 milliards d’euros.
Un véritable casse tête politique, compte-tenu des volontés parallèlement affichées par la nouvelle majorité régionale d’une meilleure maîtrise des finances et d’un relâchement de la pression fiscale. Comme s’il fallait encore démontrer que les finances publiques ne se résument pas à des comptes d’épiciers (pardon pour les épiciers !) face à la réalité des besoins et à la nécessité des choix.
* Sa déclinaison régionale poserait des problèmes complexes d’adaptation en raison de sa configuration pour quais hauts. Pourtant il offrirait une bonne solution banlieue dans certaines métropoles avec des commandes groupées …