Le transport public, qui vient de publier ses chiffres, sera au cœur des débats des régionales 2010. Bruno Gazeau, délégué général de l’Union des transports publics (UTP) fait le point sur sa santé et ses perspectives.
En 2009, l'utilisation du transport public va toujours croissante, mais s'essouffle. Ce secteur va-t-il vraiment bien ?
Bruno Gazeau : Le transport public a connu des croissances fortes depuis trois ans. En 2009, la crise ralentit cette croissance mais la profession ne connaît pas la même récession que l'automobile par exemple. Elle récolte les fruits des investissements importants des collectivités. L'exemple le plus évident est celui du tramway dans les grandes métropoles régionales, mais on aurait tort de négliger les métros automatiques, les lignes de bus à haut niveau de service. Chaque fois qu'il y a fréquence, rapidité et régularité, le succès est au rendez-vous. La croissance du transport public risque de repartir assez fort avec celle de l'économie.
Pour 2010, la demande de mobilité est donc solide ?
Oui. Il ne faut pas sous-estimer l'importance d'une augmentation probable du prix de l'essence ni celle de la congestion urbaine. De plus, une véritable évolution des mentalités est en cours.
Dans le baromètre 2008 de l'UTP, 75% des habitants des villes de plus de 50 000 habitants préféraient les transports publics à la voiture pour les déplacements en ville. Cela traduit un changement dans la relation à la voiture, un changement dans la façon de concevoir et de gérer sa mobilité. On associe tous les modes en les combinant et en s'aidant de son téléphone portable et des technologies billettiques nouvelles.
Par ailleurs, la prime transport devrait jouer son rôle, mais sa mise en place est récente et nous n’avons pas encore d’enquête sur le sujet.
Le transport public affrontera-t-il un défi particulier courant 2010 ?
Non. Il y a beaucoup de choses à faire. La demande de transport public se transforme. La grande question, c'est d'accompagner et, si possible, de précéder le mouvement.
Êtes-vous inquiet pour les investissements en transport public ?
L'augmentation du prix de l'essence a été un test en vraie grandeur de la faible élasticité de nos systèmes de transports publics. Beaucoup de lignes en Ile-de-France et dans les villes de province se sont trouvées saturées. Il faut donc investir. D'ailleurs, les projets du Stif et de l'Etat en Ile-de-France montrent que ce constat est partagé par tous. Les villes de province ont massivement répondu à l'appel à projet consécutif au Grenelle de l'environnement : 45 projets de métro-tramway et BHNS ont été retenus. Un deuxième appel à projets est programmé. Les élus se montrent très volontaristes. Ils ont répondu positivement.
Lire la suite de cette interview dans Bus & Car n°844 sous le titre "Le transport va évoluer" (réservé abonnés)