La Cour des comptes n'épargne rien à la RATP, à la SNCF et au Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif). Son rapport du 17 novembre 2010 pointe l'état alarmant du réseau ferroviaire francilien et propose des remèdes drastiques.
Selon la Cour des comptes, le réseau de transport francilien, emprunté chaque jour par 7,4 millions de voyageurs qui y passent en moyenne une heure et vingt minute, est tout simplement inadapté et saturé. L'écart entre l'augmentation constante du nombre de voyageurs et les limites physiques du matériel est la cause principale de ce triste état des lieux.
Entre 2001 et 2009, le trafic a augmenté de près de 20% sans que les infrastructures évoluent en conséquence. Si, selon le rapport, le métro ne souffre pas trop de la dégradation des conditions de transports – en dehors de la ligne 13 – le RER est particulièrement touché, et tout particulièrement la ligne B dont le confort et la ponctualité ne cessent de se détériorer.
Clarifier la comptabilité
La Cour des comptes reproche directement aux acteurs des transports franciliens une gestion défectueuse et une comptabilité peu lisible. Selon son rapport, le Stif s'avère incapable de connaître précisément le coût d'exploitation des lignes dont il a la responsabilité. La Cour demande donc clairement à ce que les comptes RATP de gestion d'infrastructures et d'exploitation soient séparés. une évolutioon qui s'avérera obligatoire pour permettre un jour l'ouverture à la concurrence du réseau.
Selon la Cour, les deux entreprises n'investissent pas suffisamment dans de nouveaux projets. Pire, la gestion de leurs projets en cours serait calamiteuse, accumulant retard et dépassements de coûts. La SNCF est par exemple vivement critiquée pour n'avoir pas assez investi dans les transiliens, au profit des TGV plus lucratifs.
Le système des bonus versés chaque année à la RATP et la SNCF par le Stif est aussi dans le collimateur des sages de la rue cambon. Ces bonus, censés récompenser la bonne qualité du service, sont en constante augmentation. "Le dispositif est donc peu discriminant et peut s'analyser comme une rémunération complémentaire versée aux transporteurs par l'autorité organisatrice" estime le rapport. Pour ses auteurs, le calcul des bonus/malus doit donc mieux prendre en compte le ressenti des voyageurs. Et sur certaines lignes, les bonus pourraient logiquement virer au malus.
Comment redresser la situation ?
Pour proposer aux Franciliens un réseau de transport digne de leurs besoins, la Cour des comptes estime qu'il faut donner la priorité aux investissements sur les réseaux existants. Mais au regard de la situation financière difficile des collectivités, il ne lui semble pas opportun de les mettre davantage à contribution pour trouver les financements nécessaires.
La conclusion du rapport est donc sans équivoque : les usagers et les entreprises devront participer davantage. La participation des usagers (une fois déduits les remboursements employeurs) a été de 26,5% des dépenses du transport régional en 2009, une part trop faible selon la Cour. Elle encourage donc le Stif à continuer d'augmenter ses prix plus vite que l'inflation, comme pour la première fois à l'été 2010 qui a connu une augmentation moyenne de 3,1% du prix des transports en Ile-de-France. Une proposition qui fait déjà bondir les associations d'usagers comme la FNAUT. la Cour demande aussi à la RATP et à la SNCF de gagner en productivité afin d'améliorer ainsi leurs ressources.
Enfin, parmi les autres pistes de financement envisagées par la Cour, on retiendra par exemple la taxation des automobilistes, à travers notamment l'augmentation des amendes de stationnement de 11 à 20 euros, l'instauration d'une taxe poids lourds ou la création d'une taxe sur les immeubles de bureaux.