La déclaration des écologistes contre le projet de liaison transfrontalière Lyon-Turin à l’Assemblé Nationale le 19 janvier dernier, a étonné nombre d’observateurs, et engendré de nombreuses réactions, au moment où l’Etat doit finaliser l’acte de candidature de la France pour l’obtention des crédits européens.
Le soir même, Jean-Jack Queyranne, président de Rhône-Alpes, réagissait, appelant les écologistes à respecter leurs engagements initiaux : "en s’opposant au Lyon-Turin, les écologistes ont tourné casaque. Ils étaient les Verts, fervents défenseurs de l’environnement, ils vont devenir gris de pollution", expliquait-il dans un communiqué.
Après le revirement sur le Center Parcs de Roybon, c’est le second sérieux accroc avec Europe Ecologie Les Verts (EELV), en Rhône-Alpes. Ce à quoi répondait aussitôt EELV de Rhône-Alpes : "nous déplorons le dérapage de Jean-Jack Queyranne", ajoutant un peu plus loin, qu’ils considèrent ce grand projet comme inutile pour deux taisons essentielles : "la ligne du tunnel sous le Mont Cenis n’est utilisée qu’à 20 % de ses capacités et ces milliards dépensés n’iront pas à l’entretien et au développement des TER et à la qualité de service rendu aux usagers, seule alternative sérieuse à la voiture et à la pollution".
Deux ans de critiques contre vingt ans de soutien
Mis en cause par Daniel Ibanez, membre de la coordination d’opposition, notamment à propos de la création d’une nouvelle ligne entre Lyon et Chambéry, Louis Besson, ex-maire de Chambéry et ex-ministre des Transports, a lui aussi réagi à la dernière initiative des Ecologistes. "Deux ans de critiques vont-ils effacer vingt ans de soutien ? Ce serait dommage pour leur crédibilité", s’interroge-t-il.
Enfin, la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut), juge ces critiques incompréhensibles : "il est illusoire de croire que l’abandon du Lyon-Turin pourrait bénéficier au réseau ferré existant : il entraînerait au contraire de nouveaux et très couteux investissements routiers sur l’axe France-Italie", juge-t-elle. "Loin d’être le grand projet inutile, diabolisé par les Ecologistes, le Lyon-Turin peut permettre un transfert massif du trafic routier sur le rail et contribuer à la réduction de la pollution des vallées alpines et des émissions de gaz à effet de serre", conclut la Fnaut.