Selon le rapport d’expertise remis le 13 décembre à la ministre de l'Égalité, des Territoires et du Logement Cécile Duflot, le projet du supermétro automatique Grand Paris Express coûterait neuf milliards d’euros supplémentaires.
Neuf milliards d’euros. C’est la somme supplémentaire qu’il faudra débourser pour la réalisation du supermétro automatique Grand Paris Express, selon le rapport d’expertise remis à Cécile Duflot, ministre de l'Égalité des territoires et du Logement, par Pascal Auzannet, le 13 décembre 2012. Intitulé "Rapport de la mission sur le calendrier pluriannuel de réalisation et de financement du projet de Grand Paris Express", le document prévoit un investissement de 29,6 milliards d’euros pour la réalisation complète du projet, et non 20,5 milliards d’euros comme cela avait été annoncé en janvier 2011.
"Les contraintes économiques et financières ont été totalement ignorées [...]. Les hypothèses économiques pour l'Île-de-France du projet du Grand Paris reposaient sur une croissance annuelle du PIB de l'ordre de 4% en moyenne et ceci jusqu'en 2030", considère Pascal Auzannet, chargé de mission de la Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale (Datar).
Une échéance à 2030
Le rapport indique également que le calendrier initialement élaboré, prévoyant la fin du projet à l'horizon 2025, nécessiterait de porter à 12 milliards d'euros le niveau de la dotation en capital de l'Etat et les subventions des collectivités territoriales, contrairement aux 4,9 milliards d'euros initialement prévus. "Ce qui, dans le contexte budgétaire actuel, n'est de toute évidence pas envisageable", est-il précisé dans le rapport.
Pour éviter cela, le document préconise notamment un séquencement du projet en cinq étapes et de retarder l’aboutissement complet du Grand Paris à l’horizon 2030. Ce qui permettrait ainsi d’étaler les paiements.
Une redéfinition des priorités
Ce séquencement devra se faire, selon l’ancien directeur des RER à la RATP, en fonction de critères de hiérarchisation. Il est notamment mis en avant les éléments favorisant une désaturation de la zone centrale de Paris, un rééquilibrage entre l’Est et l’Ouest, et une lutte contre la fracture territoriale. Dans le même registre, le rapport met également avant les critères de développement économique, l’importance de la desserte des aéroports et d’une évaluation socio-économique de chacun des tronçons envisagés.
Des réactions en cascade
Du côté des élus, les prises de position à la suite du rapport n’ont pas manqué. Jean-Paul Huchon, président de la région Île-de-France, a considéré que le projet devait se faire sans report de certaines étapes. "Le Grand Paris Express, qui a fait l’objet d’un large accord entre l’Etat, la Région et les collectivités territoriales, devra être réalisé dans son intégralité", a-t-il indiqué dans un communiqué le 13 décembre dernier.
Même déception pour le sénateur Christian Favier, président du conseil général du Val-de-Marne,qui estime que "ce rapport constitue une véritable déclaration de guerre contre Orbival et le métro du Grand Paris Express [...], il propose ni plus ni moins au gouvernement de détricoter totalement le projet validé il y a deux ans par l’Etat, la Région et les huit départements franciliens. Plus grave, sous des atours pseudo-sérieux, ce rapport, s'il était suivi par le gouvernement, générerait une remise en cause totale des étapes franchies ces deux dernières années".
Pour sa part, le gouvernement se donne jusqu'au mois de février 2013 pour trancher.