Le 9 juillet dernier à Paris, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a dévoilé un plan d’investissement de 12 milliards d’euros destiné à financer les projets d’avenir des dix prochaines années. Le transport hérite d’une enveloppe de cinq milliards d’euros par an.
C’est à l’Université Pierre et Marie Curie à Paris que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a dévoilé un plan d’investissement de 12 milliards d’euros destiné à financer les projets d’avenir des dix prochaines années. Recherche, transition énergétique, innovation, aéronautique, économie numérique ou jeunesse, le gouvernement a identifié huit domaines d’intervention. La mobilité figure en bonne place de cette liste avec une enveloppe de cinq milliards d’euros par an. Soulignant "la qualité exceptionnelle" du rapport de la commission "Mobilité 21" remis le 27 juin dernier, le Premier ministre a réaffirmé que "l’urgence n’est pas de lancer de nouveaux projets pharaoniques ou déficitaires, mais d’agir sur la mobilité quotidienne des Français". Dans cette optique, c’est finalement la seconde option de financement prévoyant 30 milliards d’euros qui a été retenue. "En moyenne, d’ici 2030, deux tiers de l’effort sera consacré à la transformation des réseaux existants et un tiers aux grands projets", résume Jean-Marc Ayrault. Confirmant ainsi que l’avantage sera ainsi donné aux transports du quotidien, le Premier ministre a souligné que les priorités nationales seront actualisées tous les cinq ans "en tirant les conséquences de la reprise de la croissance". Pour assurer une meilleure expertise, le Premier ministre a décidé de constituer des observatoires du trafic dédiés aux lignes dont la saturation prévisible justifie la réalisation d’un grand projet.
Une première commande de l’Etat cet été
Pour doper le transport de proximité, le gouvernement a prévu de renouveler intégralement le parc de trains Intercités entre 2015 et 2025. Une démarche qui commencera dès cet été avec une première commande ferme de l’Etat d’un minimum de 500 millions d’euros pour des trains neufs avec une option de 100 millions d’euros, pour le remplacement des anciennes locomotives diesel et des voitures par des automoteurs qui seront livrées en 2015. Puis, un appel d’offres portant sur le renouvellement des anciens trains Corail sera lancé en 2015 pour des livraisons programmées entre 2018 et 2019."En complément, l’Etat souhaite engager, en partenariat avec les régions, un diagnostic des complémentarités entre les dessertes TER et Intercités, en articulant mieux les parcours point à point d’aménagement du territoire et les parcours régionaux. Ce travail est impératif pour pouvoir améliorer la performance des dessertes Intercités et dimensionner leur service à compter de 2015", juge Jean-Marc Ayrault. Pour accompagner les autorités organisatrices dans cette démarche, le Premier ministre a annoncé l’élaboration de nouveaux contrats de plans Etat/régions pour la période 2014-2020. Outre les transports avec une approche désormais multimodale, ces contrats de plans Etat/régions porteront également sur l’enseignement supérieur, la recherche, l’innovation, le numérique ou sur la transition écologique et énergétique. "Les préfets recevront dans les prochains jours des instructions précises pour engager les négociations qui prendront, peut-être huit mois, mais j’ai demandé que sur le volet mobilité, elles soient anticipées pour être conclues avant la fin de l’année 2013", explique t-il.
Un accueil mitigé
A l’issue de la présentation de ce plan d’investissement, certains acteurs du monde du transport n’ont pas tardé à réagir. Parmi les satisfaits, notons bien sûr la réaction de Philippe Duron, député du Calvados et président de la commission "Mobilité 21" qui s’est réjoui qu’ "au-delà des illusions entretenues par la précédente majorité, le Premier ministre acte le temps du courage et des responsabilités en établissant une feuille de route claire, réaliste et exigeante pour notre politique de transport". De son côté, Cécile Duflot, ministre de l’Egalité des Territoires et du Logement, s’est enthousiasmée de "la priorité accordée par le gouvernement à l’amélioration des services et des réseaux de transports existants, que les Français utilisent au quotidien. Cette priorité constitue un positionnement fort en faveur de la transition écologique et l’égalité et du désenclavement des territoires." Autre satisfait : Pierre Cohen, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole, dont la ligne à grande vitesse Bordeaux-Toulouse a été confirmée dans le rapport Duron. "Dans une période difficile, le gouvernement fait preuve de lucidité et de courage en réaffirmant la nécessité d’inscrire Toulouse dans le réseau de la grande vitesse". A l’inverse, la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) s’est montrée plus critique face à ces propositions : "il s’agit davantage de rattrapage que de préparation de l’avenir", estime t-elle. Pire, le second scénario retenu "comporte la réalisation de huit projets autoroutiers dont certains en milieu urbain sont nocifs pour l’environnement et totalement contradictoires avec la transition écologique et énergétique". Même son de cloche de la part de Bertrand Pancher, député de la Meuse et responsable "Territoires et développement durable" de l’UDI, qui regrette que "nombre de projets porteurs de croissance et d’emplois soient repoussés aux calanques grecques, faute de recherche de solutions plus ambitieuses."