La maquette du tramway de Tours, dessinée par de grands designers, a été présentée le 6 mai 2011 lors de la foire de la ville. Après des années de tergiversations, le projet se définit comme une véritable "œuvre urbaine".
Sur le site www.tram-tours.fr, les étapes de la construction du tramway de Tours sont filmées comme une série (voir la vidéo). Le 6 mai 2011, la révélation de la maquette lors de la Foire de Tours a pu être visionnée en direct par les internautes. Le site promet d'ailleurs de continuer sur cette lancée : les travaux du pont sur le Cher et la construction de la plateforme tramway sur la place du Commandant Tuslane seront aussi bientôt sur le Net. Telle une saga qui s'achèvera à l'automne 2013 date à laquelle le tramway sera paré pour accueillir les 54 900 voyageurs attendus chaque jour sur la ligne.
Pas question pour les organisateurs que les récalcitrants au projet viennent ternir l'événement. Le périmètre de sécurité a tenu à l'écart les manifestants du collectif TCSP37 qui dénoncent l'abattage industriel des arbres sur le tracé. Les élus de tous bords politiques se sont, quant à eux, déplacés en masse pour faire connaissance avec le "curseur", ce tram voulu comme une architecture en mouvement.
Régine Charvet-Pello, directrice de RCP, la société qui a conçu le design du tramway, est fière du résultat : "Je crois vraiment qu'il y aura un avant et un après tramway de Tours. Vous savez, beaucoup de maires, dans le sud de la France notamment veulent le leur. À condition qu'il ressemble à celui-ci. C'est une vitrine pour la ville."
Une "œuvre urbaine" dessinée par Daniel Buren
Dessiné par Daniel Buren, "le Curseur sur la ligne" reliera Tours et Joué-lès-Tours. L'artiste a apposé sa célèbre signature: trois bandes noires et blanches à la verticale, lesquelles se joindront à un même marquage horizontal au sol, tous deux formant un angle droit à l'ouverture des portes.
"Ce projet de tramway n'est pas qu'un mode de transport, c'est une œuvre urbaine en soi. On souhaitait concevoir un quatrième paysage - résolument ancré dans le XXIème siècle-, après la Loire, les jardins et le patrimoine bâti", rapporte Régine Charvet-Pello qui a piloté le projet autour d'une belle équipe d'experts : Roger Tallon, le designer du TGV, le musicien Louis Dandrel, le géographe et urbaniste Jacques Levy, le plasticien et "sculpteur lumière" Patrick Rimoux et Serge Thibault, professeur en aménagement à l'Université de Tours. Du beau linge qui a, en outre, pour mission de mener à bien un "projet global" de restructuration urbaine sur 15km² autour de la ligne.
Le chantier du tram crée de l'emploi
Autre motif de satisfaction : la construction de la première ligne dope l'économie locale. Pour Jean-Luc Paroissien, directeur de projet de CitéTram, le chantier a déjà un impact positif sur l'emploi. Dans la partie "dure" du chantier, les principales tranches ont été remportées par des enseignes nationales : "Mais elles ont des agences locales, avec une grande partie de salariés de Touraine", assure-t-il.
Une vingtaine d'entreprises a été sélectionnée pour les travaux d'étude - pour 25 millions d'euros - dont TAE, une entreprise tourangelle qui s'est vue confier les fouilles archéologiques. Quant à la réalisation du réseau, l'enveloppe de 200 millions d'euros "revient pour moitié à des entreprises locales", assure le directeur de projet. Colas Centre-Ouest remporte le lot le plus important des travaux publics : les parkings de la Tranchée pour 16,4 millions d'euros et la construction du pont du Cher pour 16,8 millions en partenariat avec avec Screg Ouest et Sacer Atlantique. Au total, 150 personnes seront mobilisées sur la ligne.
Après des années de tergiversation et de bagarres politiques, le vent est en train de tourner. "Les travaux se passent bien mieux que dans certaines villes. C'est le signe que les Tourangeaux s'approprient peu à peu leur tramway", jure jean-Luc Paroissien. Reste encore à convaincre une bonne poignée de détracteurs prêts à intervenir à n'importe quel instant pour se faire entendre.