Tandis que le Sénat diverge sur la position adoptée à l'Assemblée nationale concernant le seuil au-delà duquel le marché de l'autocar sera libéralisé (200 ou 100 km, avec un imbroglio sur les méthodes de calcul), une question se pose : les nouvelles lignes par autocar vont-elles vraiment concurrencer les lignes TET, voire TER ?
Dans une approche statique, on peut craindre en effet qu'un moyen de transport moins cher ne vienne concurrencer un mode plus onéreux, pour le passager comme pour la collectivité nationale. Un Bayonne-Toulouse coûte 35 euros en train; 24 en covoiturage, et en autocar? Le prix serait, selon nos sources, sans doute inférieur, autour de 20 euros. La comparaison ne vaut pas que pour le train : un Bordeaux-Lyon par Air France est possible à 49 euros, car un nombre limité de places sur chaque vol est à ce prix. Par autocar, Starshipper affiche, pour toutes les places, un prix de 27 à 29 euros.
Le temps de trajet n'est pas le même, certes, mais le prix de la place est garanti par autocar et non par avion. Et ne parlons pas du bilan environnemental, ni du confort, largement supérieur en autocar (espacement entre les sièges, wifi, etc.) comparé à l'avion (souvent mal assis, temps d'embarquement, pas de centre-ville, etc.).
C'est donc très probablement au covoiturage que l'autocar prendra la plus grande part de sa clientèle. En voiture, impossible de lire, difficile sur un tel mode a priori convivial de travailler sur son ordinateur (sans wifi) ou de regarder un DVD, toutes choses possibles en autocar. Une autre dimension affleure, celle de la sécurité, voire de la sûreté... Par exemple, on ne sait pas comment sont assurés les covoitureurs. Or, certains en ont fait une activité commerciale. Quid des impôts et des cotisations dans ce cas de figure ? L'accidentologie de l'autocar est par ailleurs bien plus faible que celle des voitures particulières, et aucune chance de se (re)trouver seul avec un inconnu sur un trajet long.
Ce type de comparatif tous azimuts est désormais possible grâce à ce que la France s'est refusée à faire jusqu'à l'initiative d'Emmanuel Macron, pour un gouvernement que l'on attendait pas sur ce registre. Il est vrai que quelles que soient les performances comparées des modes - le train ou l'avion versus l'autocar - les deniers publics sont désormais une denrée rare, et le désendettement passera aussi par une réduction des déficits. Dans ce contexte, les coûts du TET et des TER ont, rappelons-le, un taux de couverture de 20%…