Comment trouver sa place sur le marché de l’emploi sans une solution de transport pérenne? Pour répondre à cette problématique fondamentale en période de crise, l’association Wimoov dirigée depuis 2006 par Florence Gilbert, a mis au point un projet inédit en France à travers des "bilans de compétence mobilité".
"Liberté, égalité, mobilité". Depuis quinze ans, Wimoov accompagne les personnes en situation de fragilité vers une mobilité durable et autonome, en leur proposant des "bilans de compétences mobilité". Son but? Evaluer les besoins, écouter les difficultés et trouver un mode de transport efficient et durable pour chaque personne suivie.
"Dans une société où sept millions d'actifs sont en situation de difficulté de mobilité, le potentiel de diminution du chômage et d'amélioration de la qualité de vie grâce à ce levier est considérable mais sous-évalué", justifie l’association parisienne, présente en France à travers 15 plateformes mobilité, réparties sur tout le territoire. Ses responsables prévoient l’ouverture prochaine d’une vingtaine de nouvelles structures comme au Havre (Seine-Maritime) ou à Saint-Avold (Moselle). "Wimoov est au service des acteurs de la mobilité du territoire : pouvoirs publics (conseils généraux, mairies...), entreprises, acteurs associatifs, acteurs de l'insertion (PLIE, Pôle emploi...)".
En France, Wimoov accompagne actuellement plus de 7500 personnes, parmi les plus précaires (personnes à faibles revenus, demandeurs d'emploi, travailleurs précaires, personnes âgées, personnes à mobilité réduite). Cette action permettrait, selon l'association, à 52% d'entre elles de retrouver un emploi. Wimoov intervient également à travers des actions de sensibilisation à la sécurité routière et à l’écomobilité.
Cette démarche semble avoir gagné l’assentiment des collectivités territoriales, notamment les conseils généraux, en charge de l’action sociale, qui espèrent ainsi trouver une réponse durable aux problèmes structurels de chômage et aux difficultés à insérer dans le monde professionnel les plus éloignés de l’emploi.
En septembre, le conseil général d’Indre-et-Loire a confié à ces acteurs sociaux, également professionnels de la mobilité, le soin d’accompagner les bénéficiaires de l’aide sociale départementale. Des formations (apprentissage de l’utilisation des transports publics ou du vélo en ville), conseils, solutions de déplacements adaptées (locations de scooters ou de vélos électriques, covoiturage) notamment grâce à des prêts de véhicules, des auto-écoles solidaires leur sont ainsi proposés au terme de ce "bilan de compétences mobilité" personnalisé.
"Nous avions jusqu’ici une grande difficulté à nous assurer de la pertinence de nos diagnostics", justifie Christophe Boulanger, conseiller général chargé de l’insertion. Fin décembre, une soixantaine de personnes auront démarré ce parcours individuel : "Tous les modes de transport sont explorés. Mais il faut, au préalable, bien identifier les besoins", explique Philippe Savoie, directeur de l’antenne tourangelle de Wimoov. Le département finance 77% des 300 000 euros de budget annuel de l’association, qui va embaucher deux nouveaux conseillers – en plus de ses deux salariés actuels – pour mener à bien environ 500 bilans de compétence chaque année.
Cette action va aussi permettre au conseil général de mettre en place un observatoire, qui lui servira "à couvrir les besoins qui n’étaient pas identifiés jusque-là", assure Christophe Boulanger.