Face à un gouvernement décidé à ouvrir le marché de l'autocar, les acteurs se lancent. Ce sera aujourd'hui Transdev avec sa filiale Isilines, parfaitement dans le timing. Tandis que les projets d'IdBus et de Starshipper attendent encore d'être complètement dévoilés et précisés.
Le gouvernement a eu recours à l'article 49-3, hier jeudi 9 juillet, pour faire passer la loi Macron. Il faudra ensuite l'aval du Conseil Constitutionnel pour qu'elle soit promulguée en une ou deux semaines selon l'importance des opposition au projet. Elle prévoit notamment l'extension du travail le dimanche, la réforme des professions réglementées et, bien entendu, la libéralisation des transports en autocars.
Sur ce dernier point, on ignore à cette heure s'il y aura ou non une bataille juridique pour s'opposer au seuil de 100 km avec mécanisme de régulation en dessous.
Si Transdev prévoit dès aujourd'hui le lancement de 17 lignes interurbaines, donc un maillage fin du territoire, les projets des concurrents - pour Megabus ou Flixbus par exemple - sont plutôt sur des distances longues. La desserte fine sera-t-elle l'apanage des concurrents français, idBus et Starshipper, ce dernier impliquant d'ores et déjà plusieurs entreprises du réseau de PME Réunir ?
Les transversales et radiales (toujours à destination de Paris et du bassin parisien incluant la Normandie), et les trajets de nuit, voilà les segments de marché où l'autocar a toute sa légitimité face à une offre ferroviaire souvent à la peine.
Sur les deux premiers - et surtout sur les radiales vers Paris - la concurrence entre transporteurs routiers sera rude, comme le laissent présager les annonces, comme l'offre d'Isilines lancée à titre exploratoire par Transdev sous un régime quasi occasionnel. Belle tactique, car en matière d'ouverture d'un marché, occuper le terrain le plus vite possible est une clé du succès.
Il faudra aussi tenir la distance, car l'équilibre d'un tel réseau ne peut être espéré avant plusieurs années, sans doute trois ou quatre, selon les paramètres (taux de remplissage, prix, fréquences, type de trajets et péages....).
Il faut par conséquent avoir les reins solides. En la matière, on s'attend à une bataille économique entre les grands acteurs du marché, la SNCF déjà présente avec idBus et Keolis et la Caisse des dépôts avec Transdev et Isilines. Si les niveaux de qualité semblent devoir être plus ou moins équivalents, c'est surtout sur le prix que ce fera la différence jusqu'à stabilisation du marché. Aura-t-on alors comme en Allemagne, un leader ultramajoritaire ?