La LGV Bordeaux-Toulouse, ennemie du POLT ?
Dérive. L'annonce par Elisabeth Borne, la ministre des Transports, de la création d'une LGV Bordeaux-Toulouse fait beaucoup de mécontents. Notamment parmi les élus des territoires desservis par la ligne POLT (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse). Ils craignent d'une part que la future LGV détourne des voyageurs de la liaison historique (permettant ainsi à la SNCF de prétexter une baisse de fréquentation pour réduire le service, voire de le confier aux Régions), et s'agacent d'autre part que les moyens financiers octroyés au ferroviaire ne soient pas entièrement consacrés à l'existant. « Je suis scandalisé par le mépris du gouvernement pour notre ligne », tempête Gil Averous, le président (LR) de Châteauroux Métropole. Même indignation chez les socialistes : « Une priorité a pourtant été affirmée, celle de la remise en état des lignes existantes sur laquelle il convient de concentrer les moyens financiers. André Laignel, maire d'Issoudun, et Dominique Roullet, vice-président de la Région Centre-Val de Loire, poursuivent : L'annonce d'une LGV Bordeaux-Toulouse est un nouveau mauvais coup porté à nos territoires ruraux. Nous sommes là dans la dérive de la métropolisation. Point de salut pour le rural ! »
Ruralité oubliée. De fait, lors de sa venue cet été à Limoges pour évoquer le désenclavement des territoires ruraux, Elisabeth Borne n'a fait que confirmer l'enveloppe de 1,6 milliard d'euros prévue de longue date, la mise en service à venir de nouveau matériel (dont la compatibilité avec la ligne POLT, notamment en termes de vitesse, n'est pas encore certaine) et... la mise à disposition du wi-fi dans les trains. « Il ne faudrait pas que la future LGV impacte le POLT et les projets qui y sont rattachés, s'inquiète le centriste Vanik Berberian, président des maires ruraux de France. Il y a Paris et Toulouse mais au milieu, il y a d'autres villes ! » Longue de 730 km, la ligne POLT dessert effectivement 32 départements, 7 métropoles et 5 millions d'habitants.
O. J.