Ce 23 octobre, la Cour des comptes a dévoilé son rapport sur le TGV. Un document attendu qui dresse un état des lieux inquiétant.
Ce 23 octobre, la Cour des comptes a dévoilé son rapport sur la grande vitesse ferroviaire. Son constat : "le choix de nouvelles lignes à grande vitesse sur grande distance doit être entouré de plus de garanties de pertinence et de rentabilité".
Un système en difficulté
Attestant que le développement du TGV s’est substitué à celui des trains Intercités, la Cour des comptes pointe un système "peu cohérent" au sein duquel les rames de TGV desservent 230 destinations et passent en moyenne 40 % de leur temps sur les lignes classiques. A cela s’ajoute une rentabilité socio-économique surestimée pour une fréquentation et un chiffre d’affaires stables depuis six ans. De leur côté, les coûts augmentent notamment en raison de l’accroissement des péages qui ont pris en moyenne 8,5 % par an depuis 2007. Conclusion : la marge opérationnelle de l’activité grande vitesse s’est dégradée de 29 % du chiffre d’affaires en 2008 à 12 % en 2013. Autre élément grippant le système : le niveau d’endettement de Réseau ferré de France (RFF) qui l’empêche d’investir dans de nouvelles lignes par l’emprunt.
Le Limoges-Poitiers étrillé
Dans son rapport la Cour des comptes se montre particulièrement sévère avec le projet de barreau LGV entre Limoges et Poitiers cité en exemple en matière de "décisions politiques irrationnelles et d'estimations de rentabilité faussées", RFF exagérant significativement l'évaluation de la fréquentation. Annoncée à 2,3 millions de voyageurs par an, elle frôle actuellement 1,1 million de passagers transitant chaque année entre Limoges et Paris. Dans le meilleur des cas, la rentabilité de ce barreau - dont le coût de construction est compris entre 1,6 et 2,4 milliards d'euros - serait de 3,3%, ce qui nécessiterait pour son fonctionnement jusqu'à 80% de subventions. La Cour des comptes confirme donc les conclusions du rapport Mobilité 21, au grand soulagement des opposants à ce projet, mais sans décourager ses promoteurs. Anne Gérard, vice-présidente de l'agglomération de Poitiers en charge des transports estime que "la Cour des comptes est complètement coupée du terrain" alors que Jean Paul Denanot, député européen et ancien président de la Région Limousin, déclare que "la rentabilité, ce n'est pas la question. C'est l'aménagement du territoire ! ". En Région centre et dans le Limousin même, une part importante de la population est opposée au projet de LGV et privilégie la modernisation de l'axe classique POLT (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse).
Des propositions
Pour sortir de cette spirale, la Cour des comptes préconise notamment une meilleure intégration de la grande vitesse aux choix de mobilité des Français, une restriction progressive du nombre d’arrêts sur les tronçons de LGV et de dessertes des TGV sur voies classiques, une évaluation socio-économique des projets de LGV annoncés, le paiement par l’agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf) de ses engagements financiers vis-à-vis de RFF ou une définition des futurs ratios d’endettement du gestionnaire d’infrastructure.