La bataille du métro fait rage à Toulouse
Depuis l’annonce du report du comité syndical extraordinaire de Tisséo prévu le 2 mars, enterrant de fait le prolongement de la ligne B du métro vers le Sud-Est de l’agglomération toulousaine, la bataille fait rage par presse et réseaux sociaux interposée entre les partisans du prolongement de la ligne B (PLB) du métro et ceux qui le jugent incompatible avec le projet de troisième ligne de métro (TAE) du maire de Toulouse Jean-Luc-Moudenc.
« L'abandon du prolongement de la ligne B vers Labège met fin à un très long jeu de dupes », titrait le 3 mars le site Côté Toulouse. D’un côté, la logique financière imparable de Toulouse Métropole qui constate l'impossibilité d'additionner les deux projets du PLB et de TAE : « Quand on paye 98% d’un côté et 1% de l’autre (en référence aux versements respectifs de Toulouse Métropole et du Sicoval à Tisséo, ndlr) et qu’on veut faire la guerre, pas besoin d’être capé pour connaître le résultat », aurait lâché Jean-Luc Moudenc en décembre dernier devant les élus de Tisséo.
Pour répondre aux "déclarations unilatérales faites dans la presse" par le Sicoval, le maire de Toulouse a rendu public le 2 mars sa lettre (publiée par la Tribune) détaillant ses contre-propositions : « une desserte de Labège-La Cadène en métro, par TAE, dès la mise en service de celle-ci en 2024 et une desserte du segment Ramonville Buchens-parc technologique-INPT par téléphérique urbain dès 2021 ».
Inacceptable pour la communauté d’agglomération du Sicoval, dont les élus dépités ont lancé sur twitter le hashtag #mercijeanluc. Les entreprises de Labège, pénalisées par les embouteillages créés par 41 000 véhicules par jour, se sont aussi lancées dans la bataille. Vendredi 4 mars, Ludovic Le Moan, PDG de l’entreprise Sigfox, est monté au créneau en dénonçant un « conflit surréaliste [qui] pèse sur les citoyens de la grande agglomération toulousaine », se demandant « comment l’impact carbone des bouchons quotidiens qui pénalisent la desserte de Labège a pu échapper aux organisateurs de la COP 21 » et lançant un appel désespéré à Jean-Luc Moudenc : « s’il vous plait, lancez cette prolongation de la ligne B du métro ».
Le président du conseil départemental de Haute-Garonne a aussi donné de la voix. Georges Méric a qualifié cet abandon de « faute politique », déclarant le 3 mars dans la Dépêche du Midi : « ce prolongement de la ligne B du métro est un projet abouti, financé et prêt à démarrer. Des millions ont été déjà été dépensés et le sacrifier ne serait pas raisonnable. » Le département ayant promis 80 M€ pour le projet, son président a décidé d’organiser un « rendez-vous de la dernière chance » lundi 7 mars avec les autres partenaires financiers : Tisséo, Toulouse Métropole, le Sicoval, le conseil régional et l'État. « L'Etat a jusqu'au 11 mars pour délibérer en faveur de la déclaration d'utilité publique du PLB, a déclaré Jacques Oberti, le président du Sicoval. D'ici là, j'espère que M. Moudenc fera machine arrière et se rendra à la raison ».