Signé en novembre 2008 entre la direction de Keolis Lyon et les organisations syndicales, le projet Edifis doit reconstruire le socle social de l'entreprise. Il entre dans une phase cruciale en cette rentrée 2009.
Bernard Tabary, directeur général de Keolis Lyon, assure qu'il n'y a aucune arrière-pensée entre la remise à plat du fonctionnement social de son entreprise et l'échéance de fin 2010, qui verra une nouvelle attribution du réseau.
"La démarche Edifis s'appuie sur trois évolutions absolument nécessaires, selon la direction de l'entreprise. D'abord, la mise en conformité de son fonctionnement avec la loi. Aujourd'hui par exemple, les directives Gayssot et Perben ne sont pas encore appliquée à 100%. Ensuite, nous devons donner davantage de simplicité et de transparence aux divers règlements qui régissent le fonctionnement de l'entreprise, de façon à gagner en efficacité et en transparence. Aujourd'hui, on dénombre pas moins de 300 accords, dont certains sont obsolètes, car ils datent de 70 ans, résultant la plupart du temps de résolutions de conflit."
"Enfin, il nous semble important de remettre un peu d'équité entre les différents métiers qui composent l'entreprise. Certaines catégories ont profité plus que d'autres de diverses avancées qui ont eu lieu dans la longue histoire de l'entreprise", résume Bernard Tabary.
Les propositions de la direction
Un vaste programme de négociation s'est donc engagée depuis bientôt un an. Il a justifié depuis près de cinquante réunions. Pour aboutir, la direction avance plusieurs arguments, tels que l'annualisation du temps de travail, le choix de la valeur de la journée moyenne (7h00 ou 7h30), le compte mémoire de 2X50 heures, le compte épargne-temps pour tous, la garantie de 8 jours fériés chômés pour tous, la garantie pour tous d'une pause de 20 minutes pour 6 heures de travail consécutif, le paiement en fin de mois des heures supplémentaires, plus de souplesse dans le positionnement sur l'année des RTT…
Vers une application unilatérale ?
Dans l'hypothèse où ces accords ne seraient pas signés par des organisations syndicales représentant au moins 30% des votes au cours des dernières élections, la direction procédera par décision unilatérale. Or, les deux premiers thèmes abordés, les plus sensibles, sur la durée, le décompte et l'organisation du temps de travail, ainsi que celles relatives à la rémunération, n'ont pas recueilli l'adhésion des organisations syndicales. Qu'en sera-t-il pour les deux derniers, dont la phase de négociation s'achève ?
Quoiqu'il advienne, rien ne dit que Keolis Lyon tirera profit d'Edifis. Sur les 80 réseaux que l’opérateur exploite en France, c'est le plus gros, et il est déficitaire. Depuis 2007, le cumul des pertes d'exploitation s'est élevé, à Lyon, à 4,5 millions d'euros. Ce résultat est certes à relativiser par rapport au chiffre d'affaires (voir encadré), mais on peut aussi le mettre en perspective avec les résultats nets de Keolis, qui affiche pour 2008, un bénéfice de 89 millions d'euros. La direction ne souhaite pas communiquer précisément les conséquences financières d’Edifis, tandis que l'échéance de 2010 n'autorisera pas une mesure significative de ses retombées.