Guillaume Pepy, Pdg de la SNCF, était auditionné le 4 juin par la Commission du développement durable du Sénat autour de la réforme ferroviaire, alors que le projet de loi sera discuté en première lecture à l’Assemblée nationale les 17, 18 et 19 juin prochains.
Pas de doute, s’il existe un convaincu de l’utilité de la réforme ferroviaire, c’est bien Guillaume Pepy. Le Pdg de la SNCF était auditionné par Commission du développement durable au Sénat le 4 juin à ce sujet, alors que le projet de loi devrait être discuté en première lecture les 17, 18 et 19 juin prochains à l’Assemblée nationale. La réforme devrait aboutir à une réorganisation de la SNCF et Réseau ferré de France (RFF), dans le but de stabiliser la dette des deux entités et préparer l’ouverture à la concurrence, initialement prévue pour 2019.
Au cours de son introduction, le premier cheminot de France a tenu à rappeler que la réforme "sera créatrice d’emplois", et encouragera "la dimension offensive de champion industriel en France et à l’étranger de la SNCF. Cela alors que notre chiffre d’affaires est déjà de dix milliards d’euros à l’international, et que nous sommes aujourd’hui le deuxième groupe mondial de la mobilité derrière la Deutsche Bahn. Cette dimension offensive, c’est la finalité des finalités".
Une autorité de régulation forte
Le Pdg de SNCF est aussi revenu sur les points clés de réforme. Il a notamment insisté sur l’importance de faire de l’Autorité de régulation des activités ferroviaires (Araf) "un régulateur fort juridiquement et économiquement", cela en accord avec le projet de loi. Au niveau des compétences de l’Epic de tête (baptisée SNCF) qui devrait chapoter les deux Epic filles, SNCF Mobilités et SNCF Réseau (qui regroupera RFF et l’actuel SNCF Infra), Guillaume Pepy a considéré "qu’il faudrait établir une “muraille de chine“ adéquate pour assurer son indépendance. On pourrait aussi lui donner une compétence sécurité, toujours dans le respect de cette indépendance".
Un préavis de grève précipité
L’autre sujet abordé, celui du très médiatique appel à la grève lancé le 3 juin par les syndicats CGT cheminots et Sud Rail, qui considèrent que la réforme, telle qu’elle est prévue, ne va pas assez loin dans la réunification de RFF et SNCF. "Je pense qu’il y a eu un préavis de grève un peu précipité si on prend en compte le fait que le Secrétaire d'Etat aux Transports [Frédéric Cuvillier, ndlr], a annoncé qu’il recevrait l’intersyndicale le jeudi 12 juin. Il y a de la place pour une discussion utile et nécessaire entre tous les acteurs", a t-il considéré.
La dette à stabiliser
En parallèle à la réforme, le premier cheminot de France s’est également penché sur la douloureuse question de la dette du secteur ferroviaire (qui s’élève à environ 40 milliards d’euros), alors que la réunification de RFF et SNCF pourrait, selon lui permettre de faire des économies substantielles par rapport au système actuel. Il a notamment tenu à préciser aux sénateurs que la stabilisation de la dette (dont un contrat de performance a été signé avec l’Etat, prévoyant des économies de l’ordre de 500 millions d’euros sur le réseau et 500 millions sur les services) ne se ferait pas sur les travaux nécessaires à la modernisation du réseau, "mais sur les achats et les frais de structures". Ainsi, "il faudra réduire la voilure sur la construction de nouvelles lignes [...], et faire grandir les recettes". De même, la vente du patrimoine foncier de la compagnie publique, pourrait aussi apporter sa pierre à cet objectif, de l’ordre de 150 à 200 millions par an, "mais en gardant en tête que certaines cessions se feront à des tarifs préférentiels pour les logements sociaux", a t-il précisé.