Dans une volonté de réduction du déficit public, dix des 14 projets des lignes à grande vitesse prévues par le Grenelle de l’environnement pourraient être remis en question par le gouvernement.
Certains projets de lignes TGV prévus lors du Grenelle de l’environnement de 2007, pourraient tomber à l’eau. Comme l’a annoncé le ministre délégué au Budget Jérôme Cahuzac sur France 2 le 11 juillet, il faudra peut-être "élaguer dans les projets qui ont été proposés […], le gouvernement n’aura pas d’autre choix que de renoncer à certaines des options qui ont été privilégiées". Ce tri présenté comme nécessaire, devrait permettre de diminuer les dépenses, pour que le gouvernement tienne ses engagements en matière de réduction du déficit public (4,4% du PIB prévus pour fin 2012).
Au total, sur les 14 projets de lignes, seuls les quatre qui sont en cours de réalisation ou qui font l'objet d'un contrat signé, devraient ne pas être remis en question. Il s'agit des lignes Tours-Bordeaux, Metz-Nancy, Le Mans-Rennes et le contournement Nîmes-Montpellier. Par contre, les liaisons Lyon-Turin, Nice-Marseille et Rennes-Brest pourraient ne jamais voir le jour.
S’appuyant sur un rapport de la Cour des Comptes du 2 juillet, concernant l’état des finances publiques, le ministre en a profité pour critiquer les décisions politiques du précédent gouvernement : "L’Etat, ceux qui le dirigeaient en son nom, ont prévu une multitude de projets sans avoir le début du commencement du moindre financement. Il y a eu un effet d’affichage".
Des projets à 260 milliards d'euros
Dans sonrapport, la Cour des Comptes pointait notamment du doigt les engagements trop coûteux au regard de la situation économique du pays : le programme ferroviaire du Grenelle, qui s'étale jusqu'en 2020, "aurait un coût total estimé à 260 Md€ dont 166 Md€ de développement. Sur cette enveloppe, près de 86 Md€, soit 33 %, seraient à la charge de l’Etat et 97 Md€, soit 38 %, à celle des collectivités territoriales, le reste étant pris en charge par les entreprises publiques ou les partenaires privés", indique le document.
Au-delà du prix, la Cour des Comptes critique également le "manque de hiérarchisation des projets", qui l'amène à "recommander de procéder à des arbitrages", car "ni la rentabilité financière, ni la rentabilité socio-économique, ni l’intérêt environnemental [de ces projets], ne sont établis".
Au cours de son intervention, Jérôme Cahuzac a par ailleurs suivi la Cour des Comptes sur le fait qu’une rénovation du réseau était nécessaire : "on peut se demander si prolonger telle ou telle ligne TGV pour un gain de temps marginal est préférable à l'entretien du réseau secondaire de transport ferroviaire, indispensable car utilisé par beaucoup", a-t-il considéré.
L'annonce du ministre n'a cependant pas été du goût de certains élus. Bernadette Malgorn, présidente du groupe des élus de la droite et du centre au Conseil régional de Bretagne a tenu à réagir, dans un communiqué, à un choix qu'elle conteste : "Certes, un grand projet d’infrastructure comme une ligne à grande vitesse doit avoir une rentabilité socio-économique. Mais calculer cette rentabilité en rapportant l’investissement aux seules minutes gagnées, pour un seul train sur un seul itinéraire, est un piège dans lequel les socialistes essayent de nous faire tomber". Nul doute que ce qui pourrait constituer un frein brutal au développement de la grande vitesse en France, risque de faire couler beaucoup d'encre dans les jours à venir.