Le rapport public annuel 2015 de la Cour des comptes tire le signal d'alarme. "Le rétablissement durable de l’équilibre des services de transport public urbain de voyageurs est subordonné à la mise en œuvre rapide de mesures allant dans trois directions", recommande-t-elle.
Selon le dernier rapport annuel de la Cour des comptes, publié ce 11 février, le transport public urbain de voyageurs a nécessité en 2012 quelque neuf milliards d'euros de dépenses pour le financement de 287 réseaux, hors Ile-de-France.
Quelques chiffres simples permettent de comprendre les conclusions tirées par les sages de la rue Cambon : les coûts d'exploitation ont grimpé de 15% en quinze ans (souvent à cause de l'extension des réseaux), et si la fréquentation a progressé de 25% sur les dix dernières années, la part commerciale des recettes a chuté de 7%, pour s'établir à 27,8%. Parallèlement, les subventions publiques de complément sont en diminution constante…
La Cour des comptes juge donc nécessaire "une incitation à l’utilisation des transports en commun, la maîtrise des dépenses d’exploitation et d’investissement", et "un accroissement de la contribution des usagers au financement du service", plusieurs points sur lesquels l'ensemble des acteurs alerte depuis quelques années déjà les pouvoirs publics.
Autre élément de déséquilibre pointé du doigt par l'institution : la productivité du personnel, qui représente 54% de ces fameux coûts d'exploitation. Un sujet délicat, mais qui s'illustre facilement à travers quelques chiffres révélateurs : 50% des personnels du secteur sont au 35 heures (avec par exemple 37 jours de congés à Marseille, ou 32 à Montpellier…), le taux d'absentéisme a grimpé de 21,7% en quatre ans, pour s'établir à 25 jours par an et par salarié, tandis que les salaires ont augmenté en moyenne de 2% par an.
Et le rapport de conclure : "par delà les efforts à réaliser sur les coûts et la hausse des tarifs, le rétablissement durable de l’équilibre financier des réseaux passe par leur rationalisation : il s’agit d’optimiser le service en répondant à la demande de mobilité de la population, à un coût raisonnable pour la collectivité". Une orientation qui apparaît facile à formuler, mais pas forcément à mettre réellement en œuvre.