Pour l’association bordelaise Trans’Cub, le projet de tram-train entre Bordeaux et Blanquefort est une "supercherie" qui va coûter 120 millions d’euros pour transporter 290 voyageurs à heure de pointe. La Déclaration d’utilité publique (DUP) est attaquée au tribunal.
"Tram-train : 120 millions foutus en l’air". C’est par cette formule que l’association bordelaise Trans’Cub résume son sentiment sur le projet de transport qui doit voir le jour au Nord de Bordeaux. A l’appui de son propos, Trans’Cub présente un document d’A’urba (agence d’urbanisme locale) sur l’état du réseau en 2016. Il est indiqué que la future infrastructure devrait transporter 290 voyageurs à heure de pointe en début de ligne, à Bordeaux, et moins de 50 à Blanquefort. "C’est dix fois inférieur au chiffre retenu par le Schéma directeur opérationnel des déplacements métropolitains pour le tramway- s’offusque Denis Teisseire, de Trans’Cub - Ce projet est une supercherie". Mais ce n’est pas tout. Les représentants de Trans’Cub pointent également la dérive des coûts du futur tram-train. "Nous sommes passés de 58 millions d’euros prévus en 2008 à 120 millions d’euros aujourd’hui", explique Jacques Dubos, président de l’association. Le projet prévoit la construction de 7,2 km de ligne en extension d’une ligne de tramway existante. Dernier élément à charge présenté par Trans’Cub : les écarts de fréquentation journalières entre les dossiers d’enquête. "Les chiffres publiés dans deux études font apparaître des écarts considérables. Selon une enquête publique, 24 300 voyageurs emprunteront le tram-train en 2014, là où une autre enquête publique estime la fréquentation à 42 500 !", déclare Denis Teisseire.
Critique de la cogestion des élus
Pour les représentants de Trans’Cub, les élus de la Communauté urbaine de Bordeaux (Cub) ont voté le projet de tram-train "dans l’urgence, sans aucun chiffre ni de fréquentation ni de coût". Et Denis Teisseire de critiquer la cogestion qui prévaut au sein de la collectivité : "nous sommes dans un système où chaque maire veut son tramway et où la Cub se transforme en guichet où l’on vient chercher de l’argent". Alors que les prochaines élections municipales sont déjà dans toutes les têtes, Trans’Cub accuse Vincent Feltesse, président de la Cub et ancien maire de Blanquefort, de souhaiter ce tram-train pour des raisons électoralistes. "C’est un gaspillage d’argent public pour un projet inutile. Mais Vincent Feltesse veut quand même ce tram-train", tempête Denis Teisseire. Interrogé sur les arguments présentés par Trans’Cub, Vincent Feltesse répond qu’il "ne souhaite pas rentrer dans le détail et se focaliser sur un chiffre. Il n’y a pas d’offre de transport sur le quadrant Nord de l’agglomération". Trans’Cub annonce avoir déposé un recours devant le tribunal administratif de Bordeaux pour demander l’annulation de la déclaration d’utilité publique (DUP). Et Denis Teisseire de rappeler : "le métro, lui aussi, avait reçu un avis favorable de la commission d’enquête, et avait été déclaré d’utilité publique". L’abandon de projet de métro à Bordeaux il y a vingt ans fait partie des "trophées" de Trans’Cub, qui avait ferraillé contre la réalisation de ce chantier. La DUP du tram-train a été accordée en mars 2012 par le préfet et une mise en service est programmée pour fin 2014. Le tribunal administratif devrait faire connaître sa décision avant l’été. S’il donne raison à l’association, le projet de tram-train du Médoc devra être entièrement revu.