Les deux experts judiciaires enquêtant sur le déraillement du train Corail Paris-Limoges à Brétigny-sur-Orge ont rendu un rapport sévère pour la SNCF, accusée d’avoir laissé son réseau se dégrader jusqu’à un "état de délabrement jamais vu".
Un "état de délabrement jamais vu par ailleurs", une "situation de ruine latente", la "désagrégation complète de l’assemblage"… les termes piochés dans le rapport rendu par les deux experts judiciaires, Michel Dubernard et Pierre Henquenet, défrayent la chronique depuis hier, 6 juillet. En cause : la responsabilité de la SNCF dans l’accident survenu le 12 du même mois, mais en 2013, à Brétigny-sur-Orge, dans l’Essonne. Les quatre voitures du train Corail, qui effectuait un Paris-Limoges, avaient déraillé dans l’après-midi, ayant coûté la vie à sept personnes et blessé 171 usagers.
Une faute de négligence ?
Pourquoi l’éclisse [un assemblage de quatre boulons permettant de raccorder deux rails l’un avec l’autre, ndlr] s’est-elle retournée, provocant cette catastrophe ? Selon des bribes du rapport, publiés par Le Figaro, Le Monde, et Libération, l’accident est le fruit d’un "processus [qui] s’est étalé sur plusieurs mois, et a concerné l’ensemble de l’appareil de voie incriminé". Pire encore pour la société ferroviaire, les "plus de 200 anomalies de divers degrés de criticité" constatées étaient "connues de la SNCF ou de ses agents, sans pour autant qu’il y soit remédié de façon adéquate".
Réseau ferré de France (RFF) et la SNCF, quant à eux, "contestent formellement, dans un communiqué, tout état de délabrement du réseau, à Brétigny comme ailleurs". Pour parer l’attaque, les deux géants du ferroviaire brandissent leur "plan Vigirail", un programme de surveillance renforcée et de renouvellement des aiguillages lancé en octobre dernier pour une durée de quatre ans, dans lequel 410 millions d’euros sont investis. Parmi les nouveautés, le dispositif "Alerte Express" permet de recevoir en temps réel les signalements des agents, communiqués ensuite aux services de l’infrastructure chargés des mesures correctives. La SNCF précise que "début 2015, tout un chacun, qu’il soit cheminot ou pas, pourra signaler une anomalie via la plateforme Alerte Express".