Alors que le mix énergétique, à terme, est encore incertain, les projets de stations multi énergies, principalement pour les poids lourds, s'inventent au gré des initiatives locales. Elles devraient peser dans la balance au moment du choix.
.Quand on parle de filière, d’écosystème, on évoque en réalité une multitude d’initiatives locales et régionales qui ont décidé, en dehors de toute approche jacobine, mais parfois soutenues par l’Etat, de proposer des alternatives au tout-fossile. L’exemple du bioGNV est à cet égard très parlant. Arrivera-t-il à convaincre pour constituer longtemps encore une solution alternative à la mobilité thermique, celle qui concerne en premier lieu le transport interurbain?
Stations au bioGNV: 4, 3 puis 2 supplémentaires encore à l’horizon 2023-2025
En Vendée, l’orientation est claire. Proposer un modèle énergétique alternatif au tout-fossile passe par de l’hydrogène vert (produit à partir l’éolien par exemple). Pour ce faire, le maillage de stations publiques bioGNV évolue pour y intégrer de l’avitaillement en H2 (*). La première station multi-énergies vertes s’apprête à ouvrir à La Roche-sur-Yon et d’autres sont prévues à Challans, Saint-Gilles-Croix-de-Vie et aux Sables-d’Olonne. Il s’agit de préparer l’avenir. Un discours aligné au niveau de l’agglomération et du syndicat départemental d’énergie de la Vendée, dont Laurent Favreau. Il est à la fois vice-président de La Roche-sur-Yon Agglomération et président du syndicat du SYDE (Syndicat Départemental d'Energie et d'équipement de la …).
C’est ainsi qu’a été inauguré en septembre 2021, le 1er site de production industrielle d’hydrogène renouvelable au monde à partir de l'énergie éolienne a été inauguré à Bouin (Vendée). Ce site va alimenter les mobilités locales : bus H2 de l’agglomération de La Roche-sur-Yon, camions rétrofités, transporteurs locaux…
Pallier le manque d’intérêt des grands opérateurs
Qu’-est-ce qui se passe en dehors des grandes agglomérations et métropoles qui concentrent toute l’attention? L’exemple de ce qui est réalisé en Vendée donne une idée de la manière dont les initiatives locales peuvent prendre le relais, et innover loin de ces grands centres d’intérêt. Le but est de construire un maillage de 9 stations publiques bioGNV d’ici 2025. Après La Roche-sur-Yon, d’autres sont prévues à Challans, Saint-Gilles-Croix-de-Vie, aux Sables-d’Olonne. Ce réseau alimente des flottes de poids lourds, de véhicules lourds de collectivités de type bennes à ordure ménagères ou bus et notamment le service de transport en commun Impuls’Yon de La Roche-sur-Yon Agglomération, mais aussi les flottes de cars de certaines entreprises vendéennes. Pour autant, l’électromobilité n’est pas en reste, même si elle concerne les véhicules légers, en tout premier lieu.
La révision du schéma d’Infrastructure de Recharge de Véhicule Électrique (IRVE) a été entrepris avec un effort de cohésion intra-régionale et entre Régions voisines. La mobilité ne connaît pas les frontières administratives. Actuellement, le réseau compte 101 bornes : 89 normales et 12 rapides. Du fait des évolutions technologiques, les usages des VE évoluent avec davantage de besoins de recharge rapide pour de la grande itinérance ou émanant du tourisme d’affaires, des loueurs de flottes ou de sites touristiques de type camping ou hôtel, autant de cas d’usage qu’il faut évidemment couvrir.
Bien que présentés comme une solution face aux contraintes environnementales, les poids lourds électriques ne s’adressent en réalité pas à toutes les entreprises, du fait de leur autonomie limitée. C’est l’opinion qui domine, notamment à l’instant t. D’autant que pour le moment, l’offre est encore réduite et les coûts d’acquisition élevés. L’attention est portée d’une part sur la consistance du mix énergétique que pourrait accepter l’Union européenne, et d’autre part, l’ampleur du dispositif d’aides que l’Etat promet de mettre en place. Il a été notoirement insuffisant pour les autocars lors de la précédente édition. « C’est destiné aux transporteurs urbains, suburbains et régionaux », explique le directeur d’une concession Renault Truck citée en Vendée. Équipés de trois à cinq « packs batterie », les poids lourds électriques de cette marque peuvent parcourir entre 200 et 350 kilomètres avec une recharge. Une autonomie similaire à celle de véhicules concurrents. Le temps de recharge des batteries, lui, varie entre deux heures et demie et huit heures en fonction des bornes. Quant aux grands axes, les autoroutes en particulier, elles commencent à s’équiper d’infrastructures pour les poids lourds.
Communication : le Syndicat Départemental d'Énergie des Côtes d'Armor (SDE22) a accueilli ce mercredi 15 novembre 2023 une mobilisation pour l’avenir du BioGNV dans l’Ouest, portée par les Syndicats Départementaux d’Énergie et les SEM Énergies de Bretagne et des Pays de Loire. Pour visionner la vidéo de cette journée : https://www.youtube.com/watch?v=45PLIRDK6_8
(*) Le premier schéma départemental de déploiement de l’hydrogène remonte en la matière à 2016-2017, soit juste après celui consacré à l'électromobilité, en 2014. Outil de ce déploiement, une société d’économie mixte « Vendée Energie » créée en 2012 et dont le SyDEV est l’actionnaire majoritaire aux côtés de la communauté de communes, le département depuis 2018 et d’autres acteurs positionnées sur l'énergie.