On attend toujours le plan national pour les cars express. Il se murmure qu’il ne s’agirait que d’une communication sur les cars express, et qu’il n’y aurait pas de budget associé. Il est vrai qu'avec le recul du gouvernement sur le passe Rail, tout devient possible. Les moyens financiers manquent. Si la "bataille des idées a été gagnée ", pour reprendre les propos de Jean - Pierre Farandou, il y a encore fort à faire pour que ces moyens soient au rendez-vous. Il est vrai que le patron de la SNCF pense surtout à la SNCF. Il pense surtout au train, C"est sa mission. Et elle n'est pas simple, loin s'en faut.
Qu'en est-il des projets de cars express? Très récente, la loi n°2023-1269 relative aux services express régionaux métropolitains (les fameux SERM) prévoit qu’un service de type « est une offre multimodale de services de transports collectifs publics qui s’appuie prioritairement sur un renforcement de la desserte ferroviaire. Cette offre intègre la mise en place de services de transport routier à haut niveau de service ». La loi prévoit également qu’il « est intégré aux autres réseaux de transports sur les territoires concernés, notamment aux réseaux de transports urbains et routiers ».
Objectif : lutter contre l’autosolisme qui est un véritable fléau d’un point environnemental et social. Pour faite bonne mesure et tendre à un maximum d’efficacité, les gestionnaires d’autoroutes et de voies routières express du périmètre concerné devront être inclus dans la concertation du projet de RER- métropolitain lequel, on le voit, va possiblement au-delà du seul ferroviaire. Les projets comprendront, sur chacun des axes routiers concernés, « une trajectoire possible de réduction du trafic routier cohérente avec les objectifs de décarbonation ». On ne peut mieux associer le mode routier et cet objectif majeur de décarbonation. Lorsqu’une section d’autoroute ou de voie express sera concernée par un projet de SERM et comportera au moins trois voies, « la faisabilité et l’opportunité de la conversion d’une voie en voie réservée au covoiturage et aux transports collectifs [est] examinée au regard de la prévision de trafic routier établie », dispose enfin la loi.
De l’importance des voies réservées pour atteindre une vitesse commerciale significative.
L’Espagne a donné l’exemple en Europe, il suffit d’aller sur place pour s’en rendre compte. Mais avant de s’élancer sur autoroute, les lignes madrilènes effectuent une desserte fine des villages en périphérie, une condition qui devrait donc impérativement se retrouver dans les projets de cars express à moins d’envisager là encore du rabattement et/ou des aires de stationnement pour les voitures particuliéres.. Autre exemple, en ilustration, le cas à Los Angeles - les deux exemples sont alignés - avec leurs BRT "Bus Rapid Transit").
Lire : Local examples of BRT service include the G Line (Orange), serving the San Fernando Valley, and the J Line (Silver), which serves El Monte, downtown LA and San Pedro. LA Metrohttps://www.metro.net › about › brtBus Rapid Transit ou Discover Los Angeleshttps://www.discoverlosangeles.com › ...Les transports publics de Los Angeles
Mais les moyens sont-ils là ?
Voies réservées, terminaux, évolution du parc, on ne parle plus d'un mode de transport à bas coût. On l’a dit, le plan national annoncé en son temps par Clément Beaune, ne devrait pas comporter de volet financier. Selon la SNCF et pour en revenir aux SERM, il faudrait compter sur 100 milliards sur quinze ans du plan ferroviaire annoncé par Elisabeth Borne (et supposément soutenu par son successeur à Matignon, Gabriel Attal), 67 milliards pour les nouveaux projets : pour les RER métropolitains ou SERM -de 2 milliards à 5 milliards pour chacun des projets, soit 37 milliards d’euros au total. Le reste de l’enveloppe étant réparti entre le Grand Projet Sud-Ouest (14) mais aussi les accès du tunnel Lyon-Turin, le contournement fret de Lyon, etc.
Et qu'est-ce que l'on entend? Que malgré les annonces officielles et les signatures des contrats de plan État/région, le compte n’y est pas. Et dans le contexte d’économies budgétaires, la perspective d’une loi de programmation budgétaire pour le ferroviaire semble s’éloigner sous la pression de Bercy. Cela profitera-t-il à l'autocar dans le cas des arbitrages ? On verra.
NB: retrouver cet article, et les autres, dans notre prochaine newsletter.
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Fiche CEREMA
En attendant d’en savoir plus, et face aux enjeux actuels de décarbonation des mobilités et d’accès des territoires, les autocars express circulant sur autoroutes constituent une solution pertinente comme alternative à l'usage de la voiture individuelle, nous indique le Cerema.
Les lignes de cars à haut niveau de service permettent en effet de relier les grandes métropoles avec leurs territoires périphériques, notamment ceux ne bénéficiant pas d'une desserte ferroviaire. Améliorer les temps de parcours, la régularité, l'attractivité et la qualité de service des autocars passe par la mise en œuvre de voies réservées sur les autoroutes congestionnées, mais aussi par un rabattement optimisé des voyageurs vers des pôles d'échanges connectés à ces mêmes voies. L'aménagement d'arrêts de bus sur la plateforme autoroutière à proximité de pôles d'échanges reste innovant et peu développé en France à l'heure actuelle.
Autant dire que la qualité de service - son haut niveau - passe par la réalisation d’infrastructures qui seront forcément supportées par les collectivités locales engagées autour du projet labellisé. Puisque l’obtention du fameux label passera aussi par un projet bouclé sur le plan budgétaire.
Le Cerema a publié une fiche qui s'appuie sur un parangonnage de ces arrêts de bus sur autoroutes existants dans les autres pays. Elle présente ensuite les critères d'aménagement et d'exploitation en fonction des différents contextes et besoins des territoires.
Elle vient en complément d'une autre publication du Cerema le guide technique d'aménagement des arrêts de transport en commun sur les voies à caractéristiques autoroutières, publié en 2024.