La filière réclame plus d’ambition au gouvernement
Jamais, sans doute, on a autant parler de décarboner nos mobilités. Alors qu’il ne s’agit là que d’un des leviers de la stratégie nationale bas-carbone. Favoriser le covoiturage, développer les transports collectifs, les modes « actifs », en sont des éléments déterminants, car la voiture, même électrique et plus abordable, demeure un moyen individuel de se déplacer et monopolise beaucoup d’espace. Ce sont sans doute des enjeux industriels qui nous pousse à envisager la transition sous l’angle un peu trop exclusif des changements technologiques. Pour répondre à l'urgence climatique, elles ont largement franchi le banc d’essai, et elles rivalisent maintenant, via les industriels qui les portent, pour la conquête des parts de marché. C’est un des grands défis sectoriels de notre époque, compte tenu notamment du temps long qui caractérise les investissements, le renouvellement des véhicules, la R&D, et jusqu’à une nouvelle façon de concevoir les appels d’offres (on y reviendra très régulièrement).
Dernièrement, la filière hydrogène s’est inquiétée. Elle réclame « une stratégie plus ambitieuse ». On croyait que le match était « plié », et bien non. Alors que les débats ont commencé sur la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), le pendant de la stratégie nationale bas-carbone, France Hydrogène, qui représente environ 150 entreprises et collectivités, ont publié un manifeste dans lequel l’association demande au gouvernement de ne pas relâcher ses efforts pour développer la production et les usages de l’hydrogène en France, cet « autre gaz ». En clair, ne pas limiter ces efforts aux seuls sites industriels, pourtant prioritaires. Et France Hydrogène de souhaiter qu’il investisse, ainsi que l’ensemble des acteurs, dans la mobilité routière professionnelle. Autrement dit, des véhicules et des infrastructures où la pertinence de l’hydrogène serait avérée. L’appel vise un engagement des parties prenantes, les énergéticiens pour un certain niveau de coût de l’hydrogène vert, les constructeurs pour la production de véhicules, et les transporteurs pour un niveau de commandes qui ferait décoller la filière (et baisser les coûts). Restent les collectivités, qui, en la matière, incite à telle ou telle solution, voire, se portent elles-mêmes acquéreurs.