Périphérique parisien : malgré l’opposition du gouvernement, la mairie assure qu’elle « baissera la vitesse ». Clément Beaune, le ministre délégué des transports assure que non. C'est la cacophonie. Et elle ressemble à celle qui concerne les ZFE-m...
« Si vous faites en même temps la voie réservée et en même temps le périph à 50 km/h, vous allez rendre les gens fous », a justifié ce jeudi matin le ministre des Transports Clément Beaune. « À la fin de 2024, nous ne validerons pas la vitesse du périph à 50 km/h, c’est une décision qui doit être concertée et vue avec les départements limitrophes », a-t-il annoncé lors d'une émission de radio.
La mairie de Paris avait annoncé fin novembre son souhait d’abaisser la vitesse maximale dès septembre 2024 afin de réduire les nuisances sonores et la pollution de l’air pour les riverains, ainsi que les risques d’accident. En guise de réponse, ce jeudi midi, le premier adjoint à la mairie de Paris Emmanuel Grégoire a assuré lors d’une conférence de presse que la municipalité « baissera la vitesse » sur le périphérique malgré l’opposition du gouvernement. D’après lui, un maire « peut, dans le cadre de ses pouvoirs de police, diminuer la vitesse au motif de la sécurité ou de l’environnement ».
« C’est insupportable que ce manque de courage se fasse au détriment des 550 000 personnes vivant à proximité du périph, qui sont empêchées de dormir à cause du bruit. Le passage à 50 km/h est la première étape de la transformation du périphérique en boulevard urbain, qui devrait être un horizon qui nous rassemble tous. C’est le sens de l’Histoire. Je ne lâcherai rien contrairement à ce gouvernement qui parle beaucoup d’écologie mais n’en fait jamais ! », avait appuyé l’élu écologiste parisien.
Cette baisse de la vitesse sur le périphérique voulu par Anne Hidalgo avait divisé les riverains, certains ayant hâte, d’autres critiquant une « chasse à la voiture ». Une mesure qui aligne donc limitation de vitesse et ZFE-m, au moins dans l'intention.
« Déjà qu’à 70 km/h, on se traîne, cette mesure est totalement ridicule », avait notamment estimé Didier, cinquantenaire. « Je suis déjà obligé de rouler tranquillement. Si tout le monde passe à 50 km/h, ça peut apaiser les esprits », avait pour sa part salué Éric, un autre usager, auprès du Parisien.
Territoire de légitimité
Pour mémoire, rappelons que le 22 novembre dernier, Anne Hidalgo avait annoncé, en plus de vouloir réserver une voie au covoiturage, son intention de limiter la vitesse à 50 km/h sur le boulevard périphérique parisien après les JO.
Ce périphérique de 35 km est emprunté chaque jour par 1,2 million de véhicules, franciliens à plus de 80%. Loin s'en faut, ils ne sont pas tous électeurs à Paris.
Le périphérique, un des principaux axes urbains d’Europe, est emprunté chaque jour par 1,2 million de véhicules, franciliens en majorité, et circulant à 80 % avec pour seul occupant, leur conducteur. La vitesse maximale autorisée sur cette ceinture routière de 35 km qui entoure la capitale depuis 1973, était déjà passée de 90 km/h à 80 en 1993, puis à 70 en 2014. Depuis 2021, la vitesse a par ailleurs été limitée à 30 km/h dans la plupart des rues de la capitale.
Ces mesures soulignent la non concordance qu'il y a parfois entre l'autorité qui prend l'initiative, et le territoire d'impact. Et c'est inévitable, sauf à tout recentraliser...
Et les ZFE-m?
Ce n'est pas en termes de légitimité qu'un rapport - un livre blanc - récent pose le sujet. Mais d'information et d'éléments explicatifs.
Le pôle de compétitivité Automobile et Mobilités NextMove viennent de lancer un livre blanc intitulé « ZFE-m : comprendre pour agir et innover ». Dans le contexte actuel, c'est exactement de ce dont on a besoin.
Objectif: proposer "une vision globale des enjeux actuels et des actions nécessaires, basée sur des données et retours d’expériences concrets, qui sont autant d’opportunités d’innovation et de business pour ses acteurs ». Ambitieux..Le dispositif ZFE-m est « un outil à visée sanitaire dont les paramètres sont liés à la mobilité, mais cela n’est pas une politique de mobilité », expliquent les auteurs dans leur présentation.
Méconnu, le dispositif des ZFE évolue régulièrement. Le potentiel de contraintes qu'il rescelle n'est pas anodin. Personne n'a oublié les Gilets Jaunes, et les Bonnets Rouges. Le caractère éruptif de la population française est en effet devenu très fort sur ces sujets. Des sujets qui concernent la mobilité. Celle du quotidien.
Les voies de l'acceptabilité
On a l'impression qu'entre les élus locaux, et l'exécutif, le fossé se creuse, au bénéfice d'une incompréhension généralisée. Dans un rapport remis au gouvernement, la députée Renaissance Barbara Pompili a listé les clés pour favoriser justement l'acceptabilité des zones à faible émissions (ZFE). Elle préconise une mise en œuvre progressive, le développement de solutions de mobilités alternatives à la voiture et appelle l'Etat à avancer sur l'automatisation des contrôles. Pour ce faire, elle s’est penchée sur six pays européens où des zones de limitation de trafic routier ont été mises en place dans certaines villes, à destination des particuliers et des professionnels : le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Belgique, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.
Le rapport rappelle tout d’abord qu’en France 10 métropoles ont mis en place une ZFE, conformément aux dispositions de l’article L 2213-4-1 du code général des collectivités territoriales : Grand Paris, Lyon, Aix-Marseille, Toulouse, Nice, Toulon, Strasbourg, Rouen, Montpellier et Grenoble (…).
Prendre exemple sur l'étranger, pourquoi pas. Reste une question: pourquoi comme ça, pourquoi maintenant?