Ceci n'est pas un billet d'humeur - who cares ? Ceci n'est pas une chronique cinématographique, en dépit des premières lignes.
La soirée a été placée d'emblée sous le signe de Napoléon Bonaparte - le général, le Premier Consul, puis l'Empereur. Elle a débuté au Café Bonaparte, un point de ralliement de quelques uns bien; je l'ai fait mien avant même que je ne débute à la formation continue des Ponts qui, à l'époque, se trouvait encore rue des Saints-Pères, non loin.
Puis, un débat à la société d'encouragement sur l'avenir industriel de la France. "Encourager", on ne saurait mieux dire en un mot. Je le préfère à "soutenir", ou "aider". Elle fut créée en 1801.
Encourager implique une énergie de départ.
Parce que je savais que je risquais de ne pas aller voir ce film, ce fut ensuite le "Napoléon" de Ridley Scott. Et VOST qui plus est! "Vas-y!", me suis-je dit. Je ne pouvais chercher un quelconque encouragement dans ce que j'avais appris du film, par des commentaires.
Compte tenu de ce qu’on en avait vu dans les teasers et des déclarations de Scott sur son pitch (« Napoléon conquiert le monde pour conquérir et garder Joséphine »), sans parler de sa comparaison Napoléon-Hitler fréquente chez les Britanniques les plus ignorants, Thierry Lentz avait confié son inquétude à ses lecteurs (c'est un des grands spécialistes de l'homme Bonaparte, et de la période) avant de s'asseoir à son tour dans la salle de projection.
Je n'attendais pas une oeuvre fidèle. Tout de même pas à une "chose" pareille.
Pour ne parler que d'énergie, celle de Napoléon est certes présente. Elle puise sa source dans l'histoire d'une famille qui en avait fait le chef, alors même qu'il n'est pas l'aîné. Mais le magnétisme de l'homme n'est pas là. Il ne rencontre donc pas l'éphervescence de l'époque, sauf, mauvaise, au moment de l'exécution de la Reine à laquelle Bonaparte n'assista pas (mais que Scott représente, certes, pour le moins réservé, sans doute pour indiquer que le général, le Premier Consul, l'Empereur seront es qualités des hommes d'ordre).
Après une soirée studieuse et de réflexion, j'avais ainsi franchi le pas. J'avais en tête Les Duellistes, Gladiator, Exodus et autres films « historiques » du réalisateur américano-britannique, les interprétations passées de Phoenix (même si le Joker a peu à voir avec Napoléon), la performance de Kirby dans la série The Crown. Le spectacle serait exceptionnel, les batailles et les décors formidables, les costumes impeccables, les dialogues et la musique soignées. Il y aurait des batailles, des ponts d’Arcole, des Bérézina, des palais et des alcôves.
Scott résumérait fatalement l'épopée à celle d'un homme (les maréchaux ont presque disparu dans ce film, les personnalités qui traverseront la Révolution, le Consulat et l'Empire, voire la Restauration aussi - à l'exception notable de Talleyrand). Même s'il ne serait question que de conquêtes militaires et féminines.
Il ne serait évidemment pas question de la société d'encouragement, ni du Code civil, ni des institutions qui demeurent encore aujourd'hui, ni surtout, de ce que fut la France. Cette société est pourtant intéressante pour ce que fut notre pays. La « méfiance des ateliers », envers « l’ignorance présomptueuse » des théoriciens : voilà ce qu'il s'agissait de concilier. La nouvelle institution se devait d'être à l’écoute des premiers et éviter d’apparaître comme une académie : les mises à jour des listes de sociétaires montrent qu’au fur et à mesure que s’efface un groupe initial de financiers, attirés par une démarche spéculative, le groupe d’industriels appartenant à la frange la plus dynamique du patronat se renforce. Il compte déjà, à la fondation de la société, des gens qui s’efforcent de constituer, par l’innovation et l’intégration, des empires industriels, comme les Périer, ou des industriels du luxe parisiens, comme l’ébéniste Jacob, dont le souci d’innover est tout aussi grand ; on voit s’ajouter rapidement de nouveaux noms, qui témoignent à la fois de la diversification des domaines que la Société peut encourager, et de la demande de techniques nouvelles de la part des industriels, dans la chimie, dans la mécanique, dans la métallurgie, dans le domaine des arts du feu, enfin.
Ainsi, Napoléon, c'est aussi une époque. Surtout peut-être selon l'école historique à laquelle on se réfère, des destins. La multiplicité des approches, le fait que chaque période interroge l'histoire avec ses propres préoccupations, expliquent qu'on en a pas fini avec la période impériale. Mal, très mal traitée par Scott.
C’est finalement Talleyrand qui résume bien le sentiment que j'ai éprouvé. Il est présent dans le film, comme un fil rouge endiablé entre la période d'avant et celle d'après : « Méfiez-vous de la première impression, c’est souvent la bonne ».
Cela reste cependant un film à voir. On n'est plus capable d'en produire un de ce niveau en France. En Europe, c'est hautement improbable. Cela reste un spectacle (et bientôt une mini série sur une chaîne digitale). Le mieux serait tout de même de lire, avant, ou après, quelque chose d'un peu substantiel sur le personnage, la Révolution, et ce que furent le Directoire, d'où le coup d'Etat, le Consulat, puis l'Empire. Une part de France, même celle de Napoléon, qui est bien plus que ce que nous en a dit Scott.
Encourager l'industrie
Cette part de France se retrouve tout à fait en début de soirée, ce jour-là.
"Comme il était nécessaire de rattraper tous les retards, de perfectionner d’urgence l’industrie, d’augmenter sa productivité et l’activer pour espérer un jour entrer en concurrence sur les marchés étrangers avec l’Angleterre et même avec les États allemands (aucun de ces pays n'est une démocratie, faut-il le rappeler, et la suite, l'ascension de la Prusse, la domination qu'elle imposa en Europe, comment ne pas y songer? De même, la rivalité entre la France et l'Angleterre, que Scott passe par pertes et profits.
En 1801, on reconnut la nécessité de fonder une société d’encouragement à l’instar de celle de Londres et les premières bases de cette création furent immédiatement posées.
Discours fondateur à la séance inaugurale de la Société le 9 brumaire an X de Joseph-Marie Degerando
On fit circuler une liste d’adhésions et le 12 Vendémiaire an X (4 octobre 1801) une réunion préparatoire eut lieu, quatorze présents signèrent le procès-verbal, Lebrun et Chaptal avaient déjà fait connaître leur soutien. Des noms qu'il faut associer au destin du "grand homme". Celui qui fait l'objet de films, de biographies, celui que l'on juge à l'aune de nos valeurs d'aujourd'hui.
Moins d’un mois après, le 9 Brumaire an X, (31 Octobre 1801), la société tenait, avec un bureau provisoire présidé par Rouillé de l’Etang, sa séance d’ouverture à l’Hôtel de Ville de Paris en présence de 92 personnalités, dont les trois Consuls et par conséquent un certain Bonaparte; 270 souscripteurs s’étaient déjà engagés.
En quelques semaines, la liste des souscripteurs s’était couverte de noms considérables. Bonaparte, premier consul, s’inscrivait pour 100 souscriptions : Cambacérès et Lebrun, deuxième et troisième Consuls, pour 12 et 30 souscriptions, Chaptal, ministre de l’Intérieur qui deviendra son premier Président, pour 50 souscriptions. Une centaine d’autres s’inscrivirent pour plusieurs souscriptions. Moins d’une année après, le nombre des souscripteurs dépassait les 900.
C’est ainsi que fut créée la première association en France, bien avant la loi 1901.
Encourager encore
Lancement de l'Alliance pour la décarbonation de la route,
réunissant acteurs publics et privés de la mobilité routière
Dans le prolongement de l'appel a accelerer la decarbonation du transport routier qu'Ils avaient
conjointement initié le 18 juin 2023, François Gemenne, co-auteur du rapport du GIEC, Patrice
Geoffron, Professeur d'économie à l'Université Paris-Dauphine, et Géraud Guibert, Président de la
Fabrique écologique, annoncent la création de l'Alliance pour la décarbonation de la route. Celle-ci
réunit un large spectre d'acteurs des mobilités routières, publics comme privés : universitaires,
collectivites territoriales, associations et entreprises (operateurs de mobilites, gestionnaires
d'intrastructures, constructeurs automobiles, transporteurs, groupes d'ingenierie, assureurs,
startups...)
Constituant une plate-forme pluridisciplinaire d'échanges et d'actions, l'Alliance a vocation à travailler
en partenariat avec les pouvoirs publics pour concevoir et mettre en œuvre les solutions
de
décarbonation les plus efficaces afin de réussir la transition écologique et énergétique des mobilités.
Pour l'Alliance, la priorité absolue est de fédérer et amplifier la mobilisation de toutes les parties
prenantes concourant à la décarbonation de la route, en conjonction avec les mesures visant à
encourager le report modal vers le ferroviaire, le transport public (BHNS, tramway, métro) et les modes
actifs - leviers indispensables qui ne seront néanmoins pas suffisants à eux seuls pour atteindre les
objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre des transports à horizon 2030.
Pour accélérer la dynamique, il convient d'agir tant sur les technologies (électrification, gains
d'efficience, préservation des ressources naturelles...) que sur les usages (taux d'occupation accru,
réduction des distances.), afin de contribuer à une trajectoire de décarbonation viable socialement et
économiquement.
Des solutions concrètes existent : électrification du parc automobile et du parc de poids lourds,
amélioration continue du mix énergétique pour le transport routier de marchandises, déploiement
massif des bornes de recharge pour véhicules électriques, installation de stations de distribution de
biocarburants, de bioGNV et d'hydrogène, préfiguration de routes électriques pour poids lourds,
incitation orchestrée à la sobriété, au covoiturage, à l'autopartage et au transport collectif routier,
développement des lignes de car express et lignes de covoiturage express, adaptation agile des
infrastructures et des services à la multimodalité, production programmée d'énergies renouvelables le
long des réseaux routiers et autoroutiers, etc.
La conviction partagée des acteurs de l'Alliance est que la décarbonation de la route demande à être
placée de façon urgente au cœur du débat et de la décision politique, et requiert, pour l'avenir de la
France, la mise en œuvre concertée d'un plan ambitieux d'investissements publics et privés. Dans cette
perspective, le rôle de l'Alliance sera aussi d'impulser, de coordonner et d'encourager l'adoption par les
usagers de la route de comportements coresponsables, à grande échelle.
François Gemenne, professeur à HEC Paris et co-auteur du dernier rapport du GIEC : « Décarboner la
route, massivement et rapidement, est une condition impérative pour espérer respecter nos objectifs
de redurton des
émissions de gaz à effet de serre. Ce doit être une cause nationale, et c'est toute
l'ambition de l'Alliance de la décarbonation de la route. Il y va de la responsabilité de la France face à
ses obligations internationales, de la justice sociale au regard du dérèglement climatique, de la
réduction des inégalités sociospatiales sur le territoire et de la préservation de l'industrie automobile
francoise et de ses emplois »