Entretien avec un élu pragmatique
Éric Ritter. Ce n'est qu'un exemple, mais il est peut être très évocateur. La Régie de l'Ain, aujourd'hui régionalisée, opère depuis le 17 juin des lignes sur le territoire de la Communauté de Communes des Vallées de Thônes (CCVT). Ces lignes, du réseau ARAVIS BUS desservent les stations de La Clusaz, Le Grand-Bornand, Manigod et Saint-Jean-de-Sixt. Une navette inter-stations relie le Grand Bornand à la Clusaz. Quelle ambition cela traduit-il de la part de la Région? Je veux dire, il y a eu plusieurs appels d'offres infructueux…, mais est-ce la raison principale?
Paul Vidal. Depuis 2021, trois appels d’offres ont été publiés afin d’attribuer un nouveau contrat prenant en compte notamment les demandes d’évolutions de la Communauté de communes des Vallées de Thônes. Ces trois procédures se sont révélées infructueuses puisque seul un transporteur a répondu aux deux premières consultations avec une proposition financière bien trop élevée et considérée comme étant inacceptable et injustifiée par nos deux collectivités. La troisième consultation n’a reçu aucune offre.
Dans ce contexte très défavorable pour les deux collectivités, la Région s’est alors rapprochée de la Régie Des Transports de l’Ain (RDTA) pour obtenir une évaluation financière sur la base du cahier des charges des appels d’offres lancés depuis 2021. L’objectif était alors de permettre aux deux collectivités de vérifier la faisabilité des prestations à un prix raisonnable. Finalement, la proposition financière de la Régie, sur la base de véhicules neufs, s’est avérée largement inférieure à celle proposée par l’unique candidat sur les deux premières consultations. Faute de concurrence et de prix satisfaisants, les deux collectivités ont donc choisi de faire appel à cet opérateur interne.
Il s’agit bien là de la raison principale pour laquelle, aujourd’hui, la Régie des Transports de l’Ain assure l’exploitation du réseau Aravis Bus.
Eric Ritter. L'amélioration de l'offre, de l'information voyageurs avec de nouvelles bornes, le passage à une nouvelle énergie pour les véhicules - des Citaro de la marque Daimler Buses fonctionnant au HVO - une ambition est nettement perceptible pour ce réseau. Peut-être a-t-il valeur d'exemple?
Paul Vidal. Les améliorations apportées au réseau Aravis Bus ne sont pas une exception. En effet, la Région, depuis qu’elle a repris en 2018 en gestion directe la compétence interurbaine sur le territoire de la Haute-Savoie, a fait évoluer ses lignes régulières au fur et à mesure du renouvellement des contrats. Augmentation de l’offre, équipement des véhicules en vidéoprotection et en girouettes sonores et lumineuses, habillage des véhicules pour une meilleure identification du réseau et surtout mise en œuvre d’autocars neufs roulant au Gaz Naturel Véhicule (GNV) et parfois même au biogaz (gaz issu de méthanisation de biomasse). En 2022-2023, le parc de véhicules des lignes régulières régionales en Haute-Savoie est composé de 121 véhicules dont 59 véhicules GNV Bio, 30 véhicules Biocarburant et 32 véhicules diesel EURO 6.
Éric Ritter. La particularité de I'avitaillement en HVO nécessite des investissements complémentaires, notamment une cuve. Que pouvez-vous nous dire de l'étude en cours, pour son installation? Pourquoi le choix du HVO et non du B 100? A l'avenir, envisagez-vous un électrification des usages sur ce site? Ailleurs?
Paul Vidal. Le choix s’est porté naturellement vers le biocarburant HVO dès lors que la décision de confier les services à la Régie des Transports de l’Ain a été prise. En effet, la Régie exploite déjà des services pour le compte de la Région au moyen de véhicules roulant au biocarburant HVO. C’est le cas notamment des lignes Y21 (Seyssel – Annecy) et Y22 (Valserhône – Annecy). Ainsi, la Régie maîtrisant cette technologie et travaillant déjà avec des fournisseurs de biocarburant HVO, il a semblé logique de se tourner vers cette option. La durée du marché signé entre la Régie et la Région est de 6 ans. Aujourd’hui, il n’est pas envisagé de mettre en œuvre des véhicules électriques sur ce secteur. En ce qui concerne l’installation d’une cuve biocarburant HVO, la Communauté de Communes en étudie actuellement la faisabilité en lien avec les communes des Aravis. Il faut ajouter que le HVO présente l’avantage d’être miscible et compatible avec le diesel, ce qui met à l’abri d’un problème d’approvisionnement.
Éric Ritter. En octobre de l'année dernière, et ce parce que la Région soutient un programme hydrogène ambitieux, l'achat d'autocars à hydrogène a été évoquée par Laurent Wauquiez, le président du conseil régional. Pouvez vous nous dire où en est ce projet? Et si la Régie pourra déployer, ne serait-ce qu'à titre expérimental, une solution du type autocar hydrogène? Neuf, ou rétrofité?
Paul Vidal. La Région a plusieurs projets de déploiement de transport en commun roulant à l’hydrogène. Dès le début 2024, un bus hydrogène sera mis en exploitation sur la ligne Montluel (01) Lyon. Par ailleurs, la Région devrait attribuer prochainement un marché d’acquisition d’autocars rétrofités à l’hydrogène. Ces véhicules devraient être déployés progressivement à compter de la fin 2024.