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La gare routière de Bercy va fermer

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La gare routière de Bercy (XIIe) fermera après les Jeux olympiques, a annoncé Emmanuel Grégoire, le premier adjoint à la mairie de la Paris. La station, qui accueille 7 millions de voyageurs par an, pourrait être transformée en parking pour les cars de tourisme. Admettons, mais où vont aller les cars longue distance?

« Il faut un lieu unique d’arrivée et de départ unique pour les passagers des services librement organisés ». François Durovray, président du département de l’Essonne.

 

 

 

Située dans le 12e arrondissement, la gare de Bercy va fermer, fin 2026. « On veut réfléchir à une répartition » des gares, notamment avec Ile-de-France Mobilités et la métropole, a assuré Emmanuel Grégoire premier adjoint en charge de l’urbanisme à la mairie de Paris qui se dit favorable à de « petites gares routières sur les grands hubs de transport » de la région, plus accessibles selon lui à l’ensemble de la population francilienne. A cette proposition, François Durovray, qui milite pour un développement du car pour des liaisons express au sein de son département, dit clairement non, dans l'interview qu'il nous a accordée:  « Il faut un lieu unique d’arrivée et de départ unique pour les passagers des services librement organisés »

L'élu de l'Essonne ne croit clairement pas à une solution présentée comme une alternative à un lieu unique, pour ne pas dire central, à la fois pour des raisons de calendier et pour des raisons de pertinence. 

 

Un état de fait qui ne pouvait pas durer.

Au-delà de la situation qui est encore celle de la gare aujourd'hui, il y a une évolution de fond, dans la perspective. des élections municipales de 2026. Quoi qu'il en soit, la situation ne pouvait rester en l'état. C'est du moins ce qu'il s'agit de démontrer, et c'est là que la dimension politique du dossier apparaît. 

Dans le reportage d’un 13 heures que lui consacre une grande chaîne nationale, le mot qui vient pour décrire la gare routière est « honteux ». Rien de moins. « C’est pas une bonne image qu’on véhicule de la France », ajoute un témoin dont les propos sont rapportés à l’envi. « Les zones d’attente sont meilleures à Londres et à Berlin, il y a des commerces très proches où les gens peuvent se rendent en attendant leur bus », regrette Charles Billiard, porte-parole de Flixbus, leader du marché national, qui compte sur cette gare comme son concurrent, Blablacar. Bref, l’accueil est meilleur ailleurs - plus respectueux des passagers - avec du service. Des fondamentaux pour des gares routières. 

Depuis le début, la situation à laquelle sont confrontés les passagers en transit dans cette gare, est très loin d’être satisfaisante. Elle s’est même détériorée au fil du temps, en proposition du succès rencontré par les cars longue distance. Tous opérateurs confondus, c’est à dire FlixBus France SARL et BlaBlaCar Bus, la gare voit transiter sept millions de passagers par an dont 45 % de Parisiens selon l'étude de l’Atelier d'urbanisme (Apur) publiée en janvier 2023.

 

Qui est responsable de l'entretien?

Aussi fréquentée, comment un tel équipement peut-il être aussi mal entretenu? La gare, l’équipement en lui-même, appartient à la ville de Paris; elle en a délégué l’exploitation et l’entretien à un concessionnaire, la Société anonyme d’économie mixte d’exploitation du stationnement de la Ville de Paris (SAEMES). Créée en 1979 et contrôlée à 50,06 % par la ville, cette société est le deuxième opérateur de stationnement sur le territoire parisien, avec en gestion un parc de 30 200 places de stationnement réparties au sein de 70 parkings, et 3 000 en voirie. Et donc de la gare de Bercy-Seine, dont elle doit assurer l’entretien. Oui l’entretien.

D’ailleurs, à eux deux, Flixbus et Blablacar acquittent le modique somme de 4 millions d’euros pour que le gestionnaire de cette gare assure l’entretien de l'équipement qui est mis à leur disposition, une somme non négligeable qui, si les autocars longue distance venaient à ne plus pouvoir y déposer leurs passagers, manquerait cruellement à ce gestionnaire (on évolue à 3 milions par an, la perte occasionnée par le changement d'affectation qui serait la conséquence de la fermeture de la gare aux SLO, et ceci compte tenu des tarifs partiqués actuellement bien sûr...).

 

Les arguments en faveur d'un lieu unique.

 

Contacté par nos soins, François Durovray, président du département de l’Essonne, nous a fait part de son impression à la suite de sa visite de la gare de Bercy. « Quelle image on renvoie de Paris! C’est honteux! » nous dit-il spontanément.. « On est malheureusement habitué à voir Paris prendre des décisions sans se préoccuper des conséquences de ses décisions peuvent avoir sur son territoire, et au-delà, ajoute-t-il. « On ne peut pas se résoudre à ce que Paris se réserve les activités les « plus nobles », et renvoie à des territoires périphériques les activités servicielles. (…). Passer le projet à la proche couronne ces éventuelles gares routières, comme semble l’imaginer la ville de Paris, m’apparaît totalement illusoire, notamment dans le calendrier qui est proposé. Le Grand Paris n’existe pas encore. Ce n’est pas non plus intelligent d’un point de vue organisationnel; les cars Macron répondent à un vrai enjeu environnemental et social ». Ce qui se passe autour de la fermeture de la gare de Bercy illustre, s’il en était besoin, le peu de considération accordée aux cars longue distance et aux clients qui les utilisent".

 « Evidemment, poursuit François Durovray, Paris est une destination clé: 7 millions de passagers par an. Paris est le point de départ/arrivée des 2/3 de la clientèle. Donc il y a un bénéfice évident pour Paris. Pourquoi refuser des touristes qui viendraient en car? Il y a une sorte de sélection des touristes qui s’opère avec cette mesure de fermeture que je trouve choquante. Ensuite, il y a 30% des usagers de la gare qui sont en correspondance. Ils passent par Paris, mais ils vont vers une autre destination. Les passagers des SLO doivent pouvoir arriver en un point unique ».

 

Une décision qui a surpris. Vraiment ?

 

Si on veut évaluer les chances d'une solution raisonnable, différente de celle qui est annoncée, il faut reconstituer le contexte dans lequel elle est prise.  Dans une étude publiée en janvier 2023, l’Apur indique en outre qu’une « meilleure répartition de la charge dans le périmètre du Grand Paris pourrait optimiser le fonctionnement de ce service ». Autant dire qu'il y avait quelque chose d’inévitable à la fin d’une solution certes imparfaite, trouvée avec difficulté au moment où l’ouverture des lignes longue distance par autocar a été décidée, en 2015, mais qui existait. Imparfaite parce que dès le départ, tous les acteurs n’ont pas été mis à égalité. Imparfaite aussi, parce qu’à terme, et on le voit bien, l’équipement choisi n’a pas pu absorber de manière satisfaisante le volume de passagers en transit. Une gare victime de son succès si on veut. Lire : https://lnkd.in/ghnpHCaR et https://lnkd.in/g2-gy-Qi

Concernant plus particulièrement les usagers de la gare de Bercy, l’étude indique que les 18-34 ans représentent 66 % de la clientèle de services librement organisés présente à Bercy-Seine, un poids largement supérieur à la structure de la population générale. Quant aux voyageurs résidant en Île-de-France, ils représentent 35 % des voyageurs enquêtés (1 803 personnes ayant répondu au questionnaire élaboré par la Ville de Paris) à Bercy-Seine. Leurs lieux de résidence? Ils couvrent la totalité des départements de la région : 13 % viennent de Paris, 13 % de petite couronne et 9 % de grande couronne.

« Cette distribution est un indicateur du rayonnement important de cet ouvrage, dont la fonction SLO dépasse les frontières de Paris, du Grand Paris, et plus largement de l’Île-de-France », ajoute l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) préparant ainsi, en quelque sorte, la décision de fermeture. Lire : https://lnkd.in/gUeqTU2D

 

Un retour aux origines.

L’annonce de la fermeture de la gare routière de Paris-Bercy a été apprise par voie de presse, sans concertation préalable avec les opérateurs. Ils nous l’ont dit. L’objectif de la municipalité serait de proposer des parkings de grande capacité pour les autocars de touristes, un autre sujet brûlant. D’aucuns pourraient souligner qu’ils ne sont pas les bienvenus dans la capitale et que cette solution serait ainsi la bonne. La gare routière de Paris-Bercy a été construite en 1996 "pour être un parking de autocars de tourisme pour soulager le centre parisien et elle reviendrait à cette vocation. Dans un entretien à l'Agence France-Presse, le premier adjoint à la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire indiqué : « Nous avons besoin de développer des parkings de grande capacité pour les cars de touristes aux portes de Paris." Mais, à terme, la mairie dit vouloir "réfléchir à une répartition des gares", notamment avec la collectivité responsable de la mobilité - Île-de-France Mobilités et la métropole.

CQFD: elle se dit favorable à de petites gares routières sur les grands hubs de transport de la région, plus accessibles à l'ensemble de la population francilienne.

 

 

 

Auteur

  • Eric RITTER
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