Décarbonation des transports, revalorisation du mode routier, inquiétude sur les recettes du transport, mais innovation. Cette newsletter est à l'image des évolutions du secteur: il y a matière à espérer et dynamiser les projets; des inquiétudes demeurent, qui peuvent donner une impression chaotique. Le propre d'une transition.
Au moment où la Banque postale sort sa note de conjoncture, soulignant, selon les termes de Luc Alain Vervisch, le directeur des études, un "saut dans l'inconnu qui appelle sans doute innovations, changements de cadres, et capacités à porter une vision", à propos des finances locales, on est en droit de se demander comment les collectivités locales pourront faire face à des hausses de coût structurels (énergie, salaires) et... pourront soutenir des projets d'avenir. Réaliser des investissements reste possible...à condition d'accéder à de l'autofinancement, mais aussi à des subventions et à l'emprunt. Le fléchage en direction des investissements verts devrait avoir son effet. Mais un ralentissement des recettes fiscales est également prévu en 2024. Prudence.
Ne pas surinterpréter ce qui se passe à Bruxelles
On voit déjà des surinterpétations de ce qui se passe à Bruxelles. On évoque un retour au réalisme.
Ce n'est pas ce qu'il se passe. Ce qu'il se passe c'est que la recherche d'équilibre est le propre des périodes de transition. Contre intuitif, le terme de transition nous laisse penser que les choses vont peu à peu rentrer dans l'ordre. Faux, évidemment. Croire qu'on pourra temporiser, faux aussi.
Pour autant, les interrogations sur les moyens du financement de la transition énergétique ne sont pas sans influence sur les assouplissements consentis à Bruxelles, en particulier du côté des bus urbains; un report de la date de passage à l'électromobilité étant précisément justifié, par l'impossible soutien public au niveau nécessaire pour respecter l'étape de 2030 (lire notre article dans cette newsletter).
La stratégie de l’Union européenne pour une mobilité à faibles émissions exprime une ambition claire: d’ici au milieu du siècle, les émissions de gaz à effet de serre des transports devront être d’au moins 60 % inférieures à leurs niveaux de 1990 et tendre résolument vers un taux zéro. Il est également nécessaire de réduire de manière drastique et sans délai les émissions de polluants atmosphériques nocifs provenant des transports. Répartir les efforts sur chaque branche, pour atteindre cet objectif.
Les camions représentent environ 70 % du transport de marchandises par voie terrestre et assurent également des services publics essentiels. Les émissions de CO2 des véhicules lourds, comprenant les camions, les autobus et les autocars, représentent environ 6 % des émissions totales de l’UE et 25 % des émissions de CO2 du transport routier dans l’UE. Toutefois, elles ne sont actuellement pas réglementées au niveau de l’UE. Il s'agit donc tout autant de maintenir un cap que de remédier à un vide juridique. On peut espérer un peu de souplesse pour les acteurs.
Décalage d'échéances, par rapport à la proposition initiale de début d'année, maintien d'un zest de moteur thermique, évolution de la position vis à vis du (bio) gaz? Une période de transition comme celle dans laquelle nous sommes entrés, n'est pas autre chose, en dépit du caractère un peu anesthésiant du terme, qu'une période chaotique. Celle-ci est nécessairement marquée par une hypersensibilité aux conditions initiales en voie de changement.
Eviter le "retour au réalisme", considérer plutôt les arbitrages. C'est là que les organisations professionnelles donnent toute leur mesure.