Côté normes d’émission, lundi, les grands objectifs de réduction des émissions des nouveaux camions fixés par la Commission ont été maintenus, avec, respectivement -45 %, -65 % et -90 % pour 2030, 2035 et 2040.
Réunis au Luxembourg, les ministres des Etats membres ont établi leur position sur un texte qui doit encore faire l'objet de négociations entre les trois législateurs européens (Parlement, Conseil et Commission), alors même qu’il doit être adopté avant 2024.
Le temps presse en effet pour les législateurs européens, alors que le transport est le seul grand secteur de l'UE pour lequel les émissions sont plus élevées aujourd'hui qu'en 1990.
Pour les transports urbains, l’objectif a été repoussé par les Vingt-Sept à 2035, avec une étape à 85 % en 2030 (et non plus 100% en 2030 comme proposé initialement par la Commission). Rappelons que pour les autobus interurbains, une exception est maintenue.
C'était le cheval de bataille de la France, faute de quoi notre gouvernement n'aurait probablement pas donné son accord au texte. « Beaucoup de collectivités locales ont investi dans des modes de transport qui réduisent leurs émissions de CO2, mais qui reposent sur le biogaz, a expliqué Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition énergétique aux journalistes ». Dont acte pour le moment.
« Cela ne serait pas une bonne nouvelle pour le climat de leur demander de mettre tout cela à la casse et de racheter de nouvelles flottes, alors que ces bus ne sont pas complètement utilisés et amortis », a t-elle ajouté.
Lors du réexamen du texte, lequel est désormais prévu en 2027 - soit un an plus tôt que ce que voulait, à l'origine, la Commission devra notamment évaluer le rôle des carburants renouvelables dans l'atteinte des objectifs. Autre sujet d'opposition des Vingt-Sept sur ce difficile chemin de la décarbonation des transports.
Le texte - actuellement en cours d’élaboration donc, il faut le rappeler - est essentiel pour atteindre l'objectif de neutralité climatique que l'UE s'est fixé pour 2050. Car le secteur des poids lourds est responsable d'environ un quart des émissions de carbone du transport routier de l'UE, et il se présente, pour le transport de voyageurs, plus vertueux que la voiture particulière. Vertueux, mais pas au point de tomber dans un dogmatisme qui n’est probablement plus de mise? Toute la question est là.