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Financement des transports collectifs

Métropole de Bordeaux

Crédit photo Métropole de Bordeaux

Les AOM et les Régions se trouvent confrontés à résoudre la quadrature du cercle concernant leur financement et à faire face à des objectifs de transition énergétique en contradiction avec les moyens alloués - un mur de 100 milliards d'euros d'ici à 2030 qui donne le vertige.

C'est le constat étayé par un rapport du Sénat, sur lequel nous revenons au moment où le président de la République relance le débat sur une réforme des collectivités locales qu'il juge nécessaire parce que "personne ne sait qui est responsable de quoi"

Pour financer le développement des transports collectifs en France, on peut compter dans des proporitions variables sur les recettes de trafic, l'impôt, et les aides de l'Etat. 

Le versement mobilité qui est une ressource affectée au financement des transports collectifs occupe une place singulière dans le paysage des dits transports au niveau européen. Ce n’est pas une redevance, et c’est un impôt perçu comme une cotisation sociale. C’est à dire qu’il ne donne pas droit à un service, et repose exclusivement sur les employeurs publics et privés.

Est-il suffisant pour soutenir le déploiement des transports, ce que l'on appelle un "choc d'offre?"

 

1.Le Versement Mobilité près de la moitié des ressources des autorités organisatrices de la mobilité urbaine.

 

Le Versement Mobilité : un impôt assis sur la masse salariale des employeurs publics et privés de 11 salariés et plus que les AOM (hors régions) peuvent lever à condition d'organiser des services réguliers de transport public de personnes. Elles disposent à cet égard d'un pouvoir de taux encadré par la loi. Le produit du versement mobilité perçu par les AOM (hors IDFM) est passé de 3,9 milliards d'euros en 2015 à 4,8 milliards d'euros en 2021. Après une baisse de 5,1 % en 2020 dans le contexte de la crise sanitaire liée au placement massif de salariés en position d'activité partielle (ouvrant doit à une indemnité non assujettie en remplacement du salaire) et aux mesures de reports de paiements, son produit est reparti à la hausse en 2021 (+ 8 %) dans un contexte de reprise économique.

Entre 2015 et 2021, le produit du versement mobilité a connu une hausse de 23,1 %. Ce dynamisme fait du versement mobilité un pilier du système de financement des AOM.

Il est à noter que son produit bénéficie pour moitié aux agglomérations de plus de 400 000 habitants et pour environ deux tiers aux 28 agglomérations disposant de transports collectifs en site propre (TCSP) lourds.

 

D'après les données transmises aux rapporteurs du Sénat, Hervé Maurey et Stéphane Sautarel, 171 des 262 AOM levant le versement mobilité en 2023 appliqueraient déjà le taux plafond du régime de droit commun hors majorations. Ainsi, au bilan près de deux tiers des AOM n'ont pas de possibilité de relever le taux de droit commun, et près d'un tiers des AOM (73 sur 262) ne disposent plus d'aucune marge de manoeuvre.

 

 

 

2. Si les recettes commerciales représentent une part modérée du financement des AOM, les impératifs de transition écologique imposent de ne pas augmenter les tarifs des transports du quotidien

 

 

A) UN TAUX DE CONTRIBUTION DES USAGERS GLOBALEMENT MODÉRÉ EN COMPARAISON EUROPÉENNE, MÊME SI D'IMPORTANTES DIVERGENCES DE POLITIQUES TARIFAIRES PEUVENT ÊTRE CONSTATÉES ENTRE LES AOM

 

En 2019, les recettes commerciales des réseaux de transports publics, qui traduisent la contribution des usagers au financement du système, s'élevaient à 1,5 milliard d'euros, soit 17 % des recettes totales hors emprunt (et 15 % emprunt inclus).

Au cours des dernières décennies, la part de ces ressources suit une tendance baissière, puisqu'elle s'élevait à 70 % en 1975, à 50 % en 1995 et encore à 21 % en 2000, qui s'explique à la fois par le dynamisme du versement mobilité et les politiques tarifaires décidées par les AOM (voir infra). Les tarifs moyens et en particulier celui des abonnements n'a en moyenne que faiblement évolué dans les années récentes (voir tableau ci-dessous).

Évolution des tarifs moyens dans les AOM de province

(en euros et en pourcentage)

 

Prix moyen 2017

Prix moyen 2021

Évolution 2021/2017

Titre unitaire

1,23

1,25

+ 2.2 %

Ticket extrait du carnet

0,97

1,03

+ 6,3 %

Abonnement mensuel

29,18

29,57

+ 1,4 %

Abonnement annuel

291,76

292,54

+ 0,3 %

Source : commission des finances du Sénat, d'après les réponses du GART au questionnaire des rapporteurs, fondées sur les enquêtes annuelles sur les transports urbains sur un échantillon constant de 182 réseaux en 2017 et 2021

 

Cette part globale masque cependant une certaine disparité dans les politiques tarifaires menées, qui relèvent de la libre administration des collectivités territoriales. Aussi, le ratio « R/D » rapportant les recettes tarifaires aux dépenses peut-il s'établir en 2019, dépenses d'investissement comprises, à 3 % à Lens et à 7 % à Rennes contre 32 % à Strasbourg et 24 % à Lyon, pour une moyenne nationale à 17 %.

 

 

 

Part des recettes tarifaires dans les dépenses des 20 plus grosses AOM
de province

(en milliers d'euros et en pourcentage)

AOM

Population 2019

Recettes tarifaires 2019

Dépenses 2019

Dépenses d'investissement 2019

Dépenses de fonctionnement 2019

R/D (investissement inclus)

R/D (exploitation seule)

Aix-Marseille

1 900 023

111 834

745 472

108 760

636 712

15%

18%

Lyon

1 547703

255 011

1 055 065

300 796

754 269

24%

34%

Lille

1 157 126

97 841

518 571

88 286

430 285

19%

23%

Toulouse

1 032875

102 230

599 912

101 926

497 986

17%

21%

Bordeaux

802 350

82 284

498 310

155 543

342 767

17%

24%

Nantes

658 356

74 255

289 747

71 756

217 991

26%

34%

Lens

650 770

4 845

186 410

81 943

104 467

3%

5%

Nice

543 556

45 949

429 943

205 807

224 136

11%

21%

Strasbourg

499 357

61 885

196 225

7 362

188 863

32%

33%

Rouen

497 180

31 233

257 609

48 563

209 046

12%

15%

Montpellier

478 548

45 344

222 817

27 479

195 338

20%

23%

Rennes

456 784

41 799

631 367

373 195

258 172

7%

16%

Grenoble

450 626

38 771

256 518

55 288

201 230

15%

19%

Toulon

440 926

18 528

103 072

10 630

92 442

18%

20%

Saint-Étienne

409 614

18 169

125 120

40 017

85 103

15%

21%

Valenciennes

354 253

13 348

124 221

8 009

116 212

11%

11%

Bayonne

330 282

5 511

102 889

62 128

40 761

5%

14%

Tours

310 527

25 258

102 522

3 565

98 957

25%

26%

Angers

303 142

17 277

123 469

43 130

80 339

14%

22%

Clermont-Ferrand

300 923

14 307

121 308

9 453

111 855

12%

13%

Reims

300 057

17 099

77 209

1 269

75 940

22%

23%

TOTAUX

8 944 377

1 122 778

6 767 776

1 804 905

4 962 871

17%

23%

R/D : recettes tarifaires / dépenses

Source : commission des finances du Sénat, d'après les réponses de la DGITM au questionnaire des rapporteurs

 

 

Alors, la part faible de l’usager serait-elle une exception française?

 

Il convient de relever que le modèle français diffère à ce titre profondément de ceux des pays européens comparables. D'après les données communiquées aux rapporteurs dans le cadre de l'étude comparative internationale qu'ils ont commandée à la direction générale du Trésor, le taux de participation des usagers au financement des transports du quotidien s'élèverait à 60 % en Espagne et en Suisse, 50 % aux Pays-Bas, entre 40 % et 50 % en Allemagne, un peu plus de 30 % en Belgique et en Italie. La part de financement des usagers est également majoritaire au Royaume-Uni et atteint 73 % à Londres.

 

Contrairement à ce qu'on observe en France, la tendance des dernières années était d'ailleurs plutôt à une augmentation de la part des usagers (notamment en Allemagne, en Espagne ou en Suisse). En Suisse, le tarif moyen des billets de transport en commun a progressé de 40 % entre 1995 et 2018 alors que le revenu réel moyen n'augmentait que de 22 % sur la même période. Au Royaume-Uni, le prix des billets est indexé sur l'inflation. Dans ce contexte, la mise en place récente du Deutschlandticket à 49 euros par mois en Allemagne , qui a fait tante de bruit doit aussi s'analyser au regard du niveau de participation des usagers pratiqué qui suscitait de vives polémiques.

 

 

Auteur

  • Gérard Balsemin
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