A la sortie de l’A7, à hauteur de Montélimar, nombre d’automobilistes à destination des gorges de l’Ardèche empruntent ensuite la départementale D262, une route qui passe par la place principale du village. « A cette période, on peut observer jusqu’à 1 000 voitures par jour, jure Christophe Mathon. Pour le maire du village de Saint-Montan, une cité médiévale de 180 habitants nichée dans les confins de l’Ardèche, les prochains mois ne s’annoncent pas de tout repos. « Nos rues ne sont pas adaptées pour recevoir une telle circulation. Des bus, des semi-remorques se sont déjà retrouvés coincés et ont été obligés de faire marche arrière ».
Si l’appli met parfois le waï, il arrive toutefois que les collectivités locales trouvent aussi leur compte à s’associer à ces maîtres de la donnée. Pour devenir des smart cities ancrées dans l’ère numérique, certaines ont noué un partenariat avec Waze. C’est le cas de la Métropole Européenne de Lille (MEL). Depuis 2016, cette agglomération de 90 communes envoie des informations concernant la circulation des citoyens, les travaux de voirie, les manifestations qui pourraient bloquer le trajet des utilisateurs de l’application. De son côté, Waze donne accès à ses données aux villes partenaires. « Le bilan est plutôt positif", assure Florent Berault, chef d’équipe service public métropolitain de la donnée (SPMD) à la MEL.
En matière de sécurité, par exemple, ces échanges de données permettent à Waze d’intégrer dans ses itinéraires les rues dans lesquelles sont implantés les établissements scolaires d’une ville et d’y limiter le passage. Ce croisement d’informations constitue aujourd’hui une ressource sur laquelle on s’appuie pour le suivi, l’analyse, le diagnostic de l’aménagement urbain. » Waze, un outil pouvant se révéler finalement au service du bien commun ? Possible. Jean Haentjens, consultant en prospective et stratégies urbaines, auteur de Comment les géants du numérique veulent gouverner nos villes (Rue de l’Echiquier, 2018), émet toutefois quelques réserves.
Une loi du 7 octobre 2016 oblige les collectivités territoriales de plus de 3 500 habitants et dotées de plus de 50 agents à publier leurs données en open data. Autrement dit, les données de circulation sont gratuitement consultables par tous les particuliers. « Comme Waze ne peut plus revendiquer l’exclusivité de ces données dans les villes concernées par la législation, notamment pour les revendre à des acteurs privés, sa collaboration avec le service public présente un atout marketing. Qu’en est il pour les plus petites villes? Elles n’ont pas forcément les moyens humains et financiers pour collecter et protéger ces informations.
Sont elles dés lors le cas échéant soumises et encore pour longtemps l’« effet Waze »? Lire : sur le waï : https://lnkd.in/eNSh4Z5v