VTC Course lance une plateforme française de transport équitable pour ses chauffeurs
92% pour le chauffeur. Loin de la course à l'hyper-compétitivité qui fait rage chez son principal concurrent Uber, la startup VTC revendique un modèle militant qui place les sous-traitants au centre du raisonnement.
Farouchement opposé au modèle des pure players du secteur qui pratiquent des politiques tarifaires agressives, VTC Courses espère convaincre les chalands de monter à bord parce qu'il paye mieux ses chauffeurs. Concrètement, la startup parisienne, immatriculée en 2014 et qui opère sur le territoire national, se targue de reverser 92% du prix total de chaque course. C'est énorme face à des concurrents qui en grignotent parfois jusqu'à 25%. Pour une course à 50 euros, c'est donc 46 euros plutôt que 37,50 euros qui iront dans la poche des chauffeurs.
L'entreprise le promet, ce pourcentage (8%) n'augmentera pas. Un vœu certes pieu mais motivé par une idée noble : celle de faire entrer le transport urbain dans l'ère du Développement durable (DD) et de la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Pour y parvenir, VTC Course n'hésite pas écorner le dogme libéral de l'offre et la demande, en garantissant des tarifs identiques à tout moment : le jour, la nuit ainsi que pendant les jours fériés.
Liste de favoris et carnet de commandes. Toutefois, pour dynamiser le marché, l'acteur militant s'autorise à introduire un grain de sel en laissant perdurer le fonctionnement méritocratique qui a (largement) contribué au succès de ses concurrents. L'entreprise conserve, par exemple, le système de notation qui met les chauffeurs en concurrence. Mais elle invente également une liste de favoris dans laquelle un consommateur satisfait peut glisser un prestataire. Résultat : pour ce dernier, c'est la possibilité de se constituer au fur et à mesure un réseau conséquent de clients et, par là même, un carnet de commandes régulières.
VTC Course fait donc le choix de limiter sa croissance pour mieux cimenter sa base. Reste à espérer que la mayonnaise militante prendra auprès des consommateurs. Car, pour réaliser des bénéfices sur ce marché florissant mais tendu, l'expérience d'Uber et de ses concurrents a montré qu'il n'y avait pas 36 chemins. Soit l'entreprise décide d'augmenter ses marges (elle doit composer dès lors avec la grogne des chauffeurs qui voient leur marge se réduire), soit elle augmente ses prix. Il faudra bien, in fine, que quelqu'un mette la main au portefeuille.
© Guillaume Pierre