Un conducteur des Cars Dethomas (Gers) a été arrêté le 7 mai avec un taux d'alcoolémie de 2,44 g/l, au volant d'un car scolaire rempli d'élèves. Jean-Pierre Dethomas, directeur de l'entreprise autocariste familiale, se dit démuni.
Inquiets de la conduite du chauffeur de leur autocar, le 7 mai, les élèves de la ligne scolaire Thil- L'Isle-Jourdain (Gers) ont donné l'alerte grâce à leur téléphone portable. Une situation délicate pour Jean-Pierre Dethomas, le chef d'entreprise qui avait recruté en septembre 2008 comme chauffeur cet ancien maçon et conducteur de poids lourd de 59 ans.
La veille déjà, M. Dethomas avait été prévenu par le proviseur de la cité scolaire de l'Isle-Jourdain de la conduite étrange du chauffeur. Au lieu d'envoyer quelqu'un le rencontrer, M. Dethomas reconnaît s'être contenté d'un appel téléphonique. "Je lui ai demandé s'il se sentait fatigué, s'il prenait des médicaments, explique le chef d'entreprise. Il m'a répondu que tout allait bien… Je tombe de haut. Je ne me suis aperçu de rien sinon, j'aurais arrêté avec lui. Il a pourtant passé sa FIMO et sa visite médicale en septembre". Le chauffeur avait toutefois accroché deux fois son autocar en avril.
De la difficulté de contrôle dans les PME
L'homme a été mis en pied de manière conservatoire et sera licencié pour faute grave au mois de juin 2009. Dépendant de l'alcool depuis une vingtaine d'années et ayant subi une cure de désintoxication, selon La Dépêche du Midi, il a été condamné par le tribunal correctionnel d'Auch à neuf mois de prison avec sursis et à l'annulation de tous ses permis de conduire pour un an.
"Je vais embaucher quelqu'un d'autre en prenant plus de précautions, affirme Jean-Pierre Dethomas. Je ferai une enquête de voisinage, j'interrogerai les mairies sur ses antécédents. Je vais aussi acheter un éthylomètre pour mesurer ponctuellement l'alcoolémie de mes chauffeurs, même si ce n'est pas évident d'être derrière tout le monde. Pour moi, c'est une évidence qu'un chauffeur ne doit boire que de l'eau. Nous allons devoir sensibiliser davantage les conducteurs sur ce qu'il faut faire et ne pas faire lorsqu'on conduit des cars scolaires, par rapport à l'alcool, la vitesse, aux enfants…"
Le conseil général, en charge des transports scolaires, a demandé un compte rendu de l'incident à Jean-Pierre Dethomas, ainsi que des informations sur les actions qu'il compte mettre en place.
La formation avant tout
Pour Joël Verdié, président de la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV) de Midi-Pyrénées - dont les autocars Dethomas ne sont pas membres - "un conducteur ivre, cela peut arriver à n'importe quelle entreprise, mais en présence d'alerte préalable, la direction de l'entreprise aurait dû réagir. Si des familles appellent, il faut faire des vérifications, aller sur place contrôler le conducteur. Dans mon entreprise, nous avons un formateur qui fait des vérifications de contrôle qualité. Mais pour cela il faut une organisation suffisamment structurée".
Rappelons toutefois que l'entreprise ne dispose d’aucun pouvoir de contrôle du taux d'alcoolémie de ses conducteurs si le processus n’a pas été inscrit dans le règlement intérieur de la société, accepté par les syndicats, et validé par l’Inspection du travail.
Toujours selon Joël verdié, le plus important pour prévenir ce genre d'incidents est de former régulièrement les chauffeurs (des sessions que met en place la FNTV) et de se donner les moyens de bien recruter. "Il est important de ne pas subir le marché de l'emploi, de choisir les conducteurs avec le bon profil, de leur proposer des formations et des remises à niveau”, affirme le président de la FNTV locale.
Quant à l'éthylotest anti-démarrage, qui devrait être prochainement testé dans quelques entreprises pilote, ni Joël Verdié ni Jean-Pierre Thomas ne sont contre. Mais le premier rappelle tout de même que ces deux dernières années, aucun accident de car n'a impliqué un conducteur responsable sous l’emprise de l’alcool.