Le réseau de PME de transport de voyageurs, Réunir, tenait une conférence de presse ce 11 décembre pour réagir, entre autres, sur le projet de loi Macron, déposé la veille au Conseil des ministres.
Au lendemain de la présentation du projet de loi Macron pour l’activité au Conseil des ministres, qui prévoit notamment une ouverture des lignes interrégionales par autocar en France, certains acteurs du transport n’ont pas attendu très longtemps pour manifester leur intérêt à ce sujet. Quelques heures après l’opérateur Transdev, qui annonçait ce matin sur BFM Business un lancement massif de lignes de sa filiale Eurolines dans l’Hexagone, dès que la loi le lui permettra, c’était ainsi au tour de Réunir de dévoiler sa future stratégie. Le premier réseau de petites et moyennes entreprises (PME) de transport de voyageurs du pays, tenait en effet ce jeudi 11 décembre à Paris une conférence de presse dans cet objectif.
Un coup d’accélérateur
Mettant en avant que la libéralisation du transport de voyageurs par autocar pourrait être "un relais de croissance extraordinaire", Alain-Jean Berthelet, président et co-fondateur du groupement, a notamment indiqué sa volonté de voir le réseau de lignes régulières internationales, Starshipper (une marque de Réunir lancée en 2012), prendre un nouvel envol : "Jusque-là, nous avions avancé doucement [le réseau compte une douzaine de lignes actuellement, ndlr], mais aujourd’hui, il semblerait que le vent tourne […] nous devons donc en profiter pour nous développer".
Pour autant, pas question, pour le moment du moins, de détailler précisément les lignes qui pourraient voir le jour : "Ce sera sans doute celles qui nous restera après le passage de Transdev !", a plaisanté Alain-Jean Berthelet, en précisant toutefois un axe de développement potentiel au niveau des territoires ou les lignes ferroviaires sont inexistantes.
Un faire-savoir à développer
"Il est sûr que notre offre ne va pas trouver son seuil de rentabilité dès le départ. Il est clair aussi qu’il n’y aura pas la place pour tout le monde", a toutefois précisé le président de Réunir. Mais, "l’avantage que nous avons, c’est que nous sommes présents dans 64 départements. Et nous avons le savoir-faire". Restera maintenant à développer le "faire-savoir" et à "expliquer à nos concitoyens que l’autocar est un mode de transport sûr, propre, etc.", afin de les encourager à voyager plus sur les lignes, a-t-il ajouté.
Une avancée législative à concrétiser
La rencontre a cependant été aussi l’occasion de rappeler que, même si le réseau se tenait prêt, rien n’était encore gagné au niveau règlementaire. Car rappelons-le, les mesures proposées dans le texte du ministre de l’Economie Emmanuel Macron, doivent encore être discutées au Parlement (ce qui se fera sans doute en début d’année prochaine) et votées au printemps 2015 : "Il faudra vraiment voir ce que cela donnera lorsque le texte passera à l’Assemblée nationale, car il y a des risques de coups de rabot. Espérons que le texte restera le plus intact possible", a ainsi espéré Alain-Jean Berthelet.
Cette prudence s’explique d’autant plus que la volonté d’ouvrir les lignes interrégionales en France est loin d’être nouvelle. En effet, comme l’a expliqué Eric Ritter, qui deviendra d’ici peu le nouveau délégué général du réseau, "différents gouvernements ont déjà essayé de mettre des choses en place", sans succès. Par exemple, en 2009, une proposition d’amendement dans ce sens avait été déposée par le député Hervé Mariton, mais celle-ci avait été rejetée. De même qu’un projet de loi, porté dès fin 2011 par le ministre des Transports de l'époque, Thierry Mariani, et visant à compléter la première vague d’autorisation de cabotage lancée la même année, n’avait pas non plus abouti. Pour autant, l’ancien secrétaire général de la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV), sent tout de même une évolution positive, puisqu’à ses yeux, il semblerait que "le sujet arrive aujourd’hui à maturité". Reste donc maintenant à attendre les prochains rendez-vous législatifs pour en avoir le cœur net.