L'Allemagne va libéraliser le marché des grandes lignes d'autocar dès 2012. Mais la Deutsche Bahn, qui juge cette activité encore incertaine, renonce à se lancer sur ce segment, pour ne pas prendre de "risques inutiles".
La Deutsche Bahn fait demi-tour : alors que Berlin s'apprête à libéraliser le marché des trajets grandes lignes par autocar, la compagnie ferroviaire allemande annonce qu'elle renonce à ses ambitions sur ce nouveau créneau. Dans un communiqué, la DB explique qu'elle a soigneusement évalué "les chances et les risques" d'une offensive. Elle s'est finalement ravisée, pour ne pas "prendre de risques inutiles".
"Dans l'intérêt de nos clients, de nos salariés et de notre actionnaire [...], nous nous concentrons sur notre cœur de métier [le train, ndlr]", commente Ulrich Hombourg, le directeur des activités voyageurs.
Une volte-face surprenante
Une volte-face surprenante car la compagnie avait jusqu'ici affirmé son intention de jouer les premiers rôles sur ce nouveau marché. Avec une flotte de 13 000 véhicules (urbains ou longue distance), la DB, via sa filiale BEX, est aussi la plus grande entreprise d'autocars d'Allemagne. Actuellement, elle opère déjà une trentaine de trajets intérieurs, essentiellement au départ de Berlin.
Son retrait ouvre donc un boulevard aux 200 à 300 opérateurs qui, selon la fédération professionnelle BDO, seraient prêts à se lancer sur ce segment. Les autocaristes espèrent prendre des parts de marché au rail, en proposant des voyages à prix réduits. Selon leurs estimations, un trajet en car coûte en moyenne 30 à 60% moins cher. À titre de comparaison, il faut compter 88 euros pour un aller-retour Berlin-Hambourg, contre 226 euros en ICE, le TGV allemand.
La porte reste ouverte
La Deutsche Bahn, qui dans un premier temps espérait contrer cette offensive en lançant ses propres autocars sur toutes les routes du pays, estime aujourd'hui que le marché est trop "volatile". Du coup, elle gèle son ambitieux programme d'investissement : plusieurs dizaines de millions d'euros destinés à renforcer son réseau.
En vertu d'une loi datant des années 30, les liaisons longue distance par autocar sont très encadrées et peu nombreuses en Allemagne. Mais le gouvernement Merkel s'est engagé à ouvrir ce marché dès 2012. La DB, quant à elle, n'a pas complètement fermé la porte : "nous allons suivre attentivement l'évolution du marché pour ensuite orienter nos activités", conclut Ulrich Hombourg.