Le classement dans le classement
Cette année, le classement fait la part belle à un énergéticien, Luc Rémond, PDG d’EDF (1er), à l’aérien avec Guillaume Faurie, Airbus (2ème), et Ben Smith, Air France/KLM (3ème).
Faut il y voir comme le souligne Vincent de la Vaissière, «une synthèse réussie entre la culture du privé et le sens du service public» ? À l’heure où l’UE cherche à doper sa compétitivité, cette synthèse promet d’intégrer un autre paramètre : celui du patriotisme économique ou un retour au raisonnable, si ce n’est à le raison. Que l’on soit ou non favorable à plus d’intégration européenne, l’idée d’une « pause réglementaire » progresse et se transforme en une volonté d’en découdre sur un plan économique, qu’il s’agisse de défense de l’emploi ou de décarbonation de l’économie.
Pour ces deux raisons, les transports ne peuvent que retenir notre attention. Pourtant, ce n’est qu’à la neuvième place qu’arrive un capitaine d’industrie de ce secteur « public » en l’occurrence Matthieu Chabanel, PDG de SNCF Réseau, suivi de Marlène Dolveck, DG de Gares & Connexions (10ème) et Thierry Mallet, PDG de Transdev (14ème).
Quant à Jean Castex, PDG de la RATP, il arrive à 22ème place et Laurent Probst, DG d’IDFM à la 23ème; Jean-Pierre Farandou (patron de la Sncf) n’arrive qu’à la vingtième place et Marie-Ange Debon, présidente du directoire de Keolis …à la 34ème.
L'activité des transports est probablement l'une de celles qui illustrent le mieux la confrontation entre objectifs climatiques et ambition industrielle.
Confrontation parce que les enjeux de ré-industrialisation sont plutôt devant nous en Europe, mais aussi parce que la décarbonation de l’économie ne sera plus acceptée si l’industrie ne suit pas.
C’est un euphémisme.
Les transports représentent environ 24 % des émissions de gaz à effet de serre de l'UE, dont plus des trois quarts (76 %) proviennent du transport routier, de personnes et de marchandises. Notons que ces chiffres signifient qu'il est impossible de réaliser les objectifs du « Pacte vert » sans s'attaquer aux émissions du transport en Europe. Le tout au moment où les chefs d'Etat et de gouvernement appellent à un « New Deal de la compétitivité » de nature à redresser la compétitivité de l'économie européenne, et notamment de son industrie, qui doit composer avec les coûts du travail et de l'énergie les plus élevés au monde.
Toute la question étant de savoir si les transports progresseront par plus de réglementation ou un sursaut d’investissements - les deux orientations ayant été présentées de manière successives et non concomitantes sur un plan chronologique.
L'UE chiffre à environ 660 milliards d'euros par an entre 2031 et 2050, l'investissement annuel à réaliser dans le système énergétique (hors transports). Il passerait ainsi de 1,7 % à 3,2 % du PIB, entre 2011-2020 et 2031-2050. En incluant les transports, il faut rajouter environ 870 milliards par an.
De quoi doper la cote des principaux dirigeants du secteur qui devront plutôt réaliser une conciliation entre industrie et décarbonation ?
L’avenir le dira.