À qui la faute ? Suite au décès de deux supporters lillois, fauchés par un RER B alors qu'ils tentaient de rejoindre leur autocar après le match Losc - OL au Stade de France, les différents protagonistes se renvoient la balle de la responsabilité. Première visée, la SNCF, qui n'aurait pas correctement sécurisé les accès aux voies. Puis l'index a été pointé sur les supporters, jugés irresponsables... Enfin, ce sont les autocaristes qui ont été mis au pilori.
Les réactions de la profession n'ont pas tardé. Richard Vainopoulos, président de TourCom, a été le premier à réagir, déplorant le manque critique de parking pour autocars autour du Stade de France, ainsi que la rigidité des restrictions imposées par la préfecture en matière de stationnement. "Il n'y a pas de signalétique claire à l'issue des matchs ou des spectacles. Quand les gens sortent, ils suivent les mouvements de foule et s'égarent régulièrement", assène-t-il.
Un parking autocar souvent saturé
Même discours du côté de Thierry Schidler, co-président de la commission tourisme de la Fédération nationale du transport de voyageurs (FNTV). "Lorsque le parking autocar est saturé, les policiers tolèrent d'abord le stationnement dans des rues adjacentes, où ils ne gênent pas. Parfois, ils leur demandent ensuite de quitter la place, sans explications. Ils n'hésitent pas alors à les faire dégager sans se soucier de "casser" leur coupure réglementaire. En d'autres termes, ils les poussent à l'infraction". Un non respect de la réglementation qui pourrait être relevé sur le chronotachygraphe par la suite et sanctionné lors d'un contrôle ultérieur.
Le conducteur coupable d'avoir mis trop de pression ?
Selon un des rescapés du drame, les conducteurs seraient en partie coupables de mettre la pression aux passagers sur l'heure de retour. Encore une fois, Thierry Schidler s'insurge : "Pourquoi l'autocar serait-il le seul moyen de transport à attendre ses passagers. Un train ou un avion part à l'heure indiquée. Nos conducteurs se doivent de respecter la réglementation sur l'amplitude, notion dont les passagers se fichent éperdument. Le car ne peut pas patienter éternellement, d'autant qu'il arrive fréquemment, sur ce type de voyage que des passagers décident de rentrer par leur propre moyen sans en informer le conducteur".
Ne faudrait-il pas mieux informer les passagers sur les règles d'amplitude, et mieux préciser les horaires de retour ? "Il me paraît inutile de donner plus d'informations. Les passagers veulent profiter de leur loisir, et n'acceptent pas de se faire enquiquiner par le conducteur. Quant à l'horaire de retour, le responsable du groupe en a connaissance. C'est à lui d'en informer le reste des passagers", conclut Thierry Schidler.
Priorité au train ? Pour le syndicats cheminots Sud Rail, c'est au train qu'il faut donner plus de place et l'accident illustrerait "l'abandon des voyages de groupes par la SNCF". Dans le même communiqué, Sud indique que l'opérateur doit s'interroger sur "l'opportunité de relancer ce type d'offre aux voyageurs, aux usagers, aux régions et départements. Il serait notamment possible de marquer l'arrêt à la station Stade de France", devant laquelle passent tous les TGV en provenance de Lille et à destination de Gare du Nord. Et de poursuivre : "C'est un drame d'être heurté mortellement par un train pour aller reprendre son bus en traversant ou longeant des voies,... à quelques mètres des quais de la gare Stade de France où pourrait se trouver le TGV du retour pour ramener tout le monde à bon port en une heure et en toute sécurité”. Une assertion valable uniquement pour les matchs impliquant l'équipe lilloise, mais apparemment, chez Sud Rail, on pense que les voyages en autocar sont lents et peu sûrs. Voilà qui va certainement apaiser la polémique. D. R. |