Haut lieu de la bataille des Ardennes de l'hiver 1944-45, Bastogne vient d'inaugurer un nouveau musée mettant véritablement en scène les événements et la vie quotidienne au temps de la Seconde Guerre mondiale. Le Bastogne War Museum devient à son tour un haut lieu du tourisme de mémoire.
C'est dans un froid de canard délibéré que les premiers visiteurs du nouveau Bastogne War Museum assistent aux combats de la bataille des Ardennes de l'hiver 1944-45. Dans la forêt, les armes crépitent, les soldats sont en embuscade et la neige tombe. C'est l'une des scènes reconstituées pour plonger les visiteurs de ce nouveau lieu de mémoire situé dans le Luxembourg belge dans l'âpreté d'une ultime offensive de l'armée allemande sur le front occidental.
L'immersion est totale. Assis sur des billots de bois, à la lisière de la forêt, le public est comme installé au cœur des combats, dans un froid relatif, bien loin toutefois de l'hiver glacial de l'époque, et l'odeur des pinèdes des Ardennes belges.
Cette "scénovision" est sans doute la plus évocatrice de ce qui s'est joué au cours de la bataille des Ardennes, il y a près de soixante-dix ans. Deux autres mises en scène enrichissent également la visite. L'une a recours à la 3D pour montrer en son, cartes historiques et images les circonstances de la Seconde Guerre mondiale, comment le monde en est arrivé là. Une troisième évocation réaliste conduit les visiteurs à se réfugier dans un estaminet. Et quand tombent les bombes, comme ce fut le cas sur Bastogne notamment le 22 décembre 1944, ils descendent à la cave, au milieu des objets familiers du quotidien d'alors. Le tout sans quitter sa chaise.
Le Bastogne War Museum ne se contente pas d'entraîner ses visiteurs dans les drames de la guerre de manière aussi réaliste que possible. Il expose aussi nombre de cartes, d'objets, d'armes et de documents, plus de 400 en tout, tous authentiques, de la manière la plus vivante possible, la plus didactique possible. Défilent alors l'histoire qui a conduit au second conflit mondial, la vie quotidienne de la population entre exode et refuges souterrains, les combats eux-mêmes et les armements utilisés, les stratégies militaires et les destins personnels.
Dès le début de la visite, le public fait la connaissance de quatre personnages, un lieutenant allemand de 21 ans, ballotté d'un front à l'autre, un caporal américain de 25 ans, qui nous donne des nouvelles aussi de son frère engagé dans le Pacifique contre les Japonais, une institutrice de Bastogne qui transmet des messages à la Résistance et un collégien de 13 ans embarqué malgré lui dans une histoire qui le dépasse, mais ne l'épargne pas. Chacun de ces protagonistes livre sa vision de la guerre, son vécu, ses réflexions, témoignant de la diversité des regards et des destins. Ils accompagnent tout le parcours à travers le musée, qui peut durer entre deux heures et deux heures trente, jusqu'à l'épilogue d'une visite haletante. Bouleversante même quand les grandes étapes d'une vie défilent sur... une pierre tombale.
Entièrement repensé et considérablement agrandi, le Bastogne War Museum s'inscrit dans un réseau de lieux évoquant la mémoire de la Seconde Guerre mondiale, aux côtés par exemple du Mémorial de Caen. Il accueille les groupes uniquement sur réservation, à partir de 20 pax. Les autocars peuvent stationner à proximité de ce nouvel édifice situé à deux pas du célèbre mémorial du Mardasson érigé en 1946 sur une colline proche de Bastogne.