Dans la course mondiale à la production d'hydrogène décarboné, l'industriel Genvia , dont la technologie mise sur les électrolyseurs à haute température, entend bien accélérer. Ce mercredi, lors d'une conférence de presse à Béziers, Florence Lambert, PDG de Genvia , et Robert Ménard, maire de Béziers, ont dévoilé l'emplacement de la future usine, sur une parcelle de 49 hectares de la ZAC Mazeran.
A terme, cette gigafactory, soutenue par l'Etat à hauteur de 200 millions d'euros dans le cadre de France 2030, produira « plusieurs milliers d'électrolyseurs par an, pour décarboner notamment l'industrie, explique Florence Lambert. Chaque électrolyseur mesurera environ 20 mètres sur 15, et pèsera plus de 100 tonnes. Il faut donc de la place. »
650 emplois directs
Après l'installation d'un démonstrateur, en mars, sur le site de SLB Béziers où elle est pour l'instant hébergée, Genvia testera en 2025 sa technologie sur le site d' Arcelor Mittal (aciers spéciaux) de Saint-Chély-d'Apcher, en Lozère. Doit suivre, en 2026, une levée de fonds de plusieurs centaines de millions d'euros, pour passer à la phase industrielle.
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Des verrous technologiques relatifs à la haute température restent toutefois encore à lever, indique une source proche. Et, pour le moment, les technologies qui dominent le marché et sont prêtes pour l'industrialisation de leurs processus sont l'électrolyse alcaline et la membrane échangeuse de protons, promue entre autres par Siemens Energy . Genvia, qui emploie 140 salariés, fait valoir les quelque 70 brevets déjà déposés, dont 30 depuis deux ans, pour produire de l'hydrogène sans eau liquide, avec moins d'électricité et sans dépendance aux matériaux critiques et aux terres rares.
De quoi peser face aux deux principaux concurrents mondiaux, l'Américain Bloom Energy et le Danois Haldor Topsoe, positionnés sur le même type de technologie. « Nous allons expérimenter des usages, pour cerner ce que fera, ou ne fera pas, l'hydrogène pour décarboner l'industrie », admet Florence Lambert. Après Arcelor, d'autres secteurs viendront, « dans la chimie, l'ammoniac ou les carburants de synthèse. Genvia va renifler les possibilités de chaleur dans les sites industriels pour y connecter ses électrolyseurs et produire de l'hydrogène moins cher ».
ECM Technologies comme sous-traitant
Genvia, détenue par un consortium public-privé, constitué de SLB, CEA Investissement, Vicat, VINCI Construction et l'Agence régionale des Investissements stratégiques Occitanie, pourra aussi s'appuyer sur un écosystème local, entre le cluster industriel ITS Fusion et, à venir, l'implantation d'une école d'ingénieurs Polytech.
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Futur sous-traitant de Genvia, l'ETI familiale ECM Technologies (Grenoble), leader mondial de la fabrication de fours industriels et du traitement thermique, doit s'implanter sur environ 6 hectares, dans un parc d'activités de la Région Occitanie, à Montady et Colombiers, à l'ouest de Béziers, embranché au réseau ferroviaire. L'activité d'ECM consistera à fabriquer pour Genvia des fours permettant de maintenir ses électrolyseurs à haute température (700 degrés). Les deux projets industriels, créateurs d'environ 650 emplois directs (400 pour Genvia, 250 pour ECM), sont prévus à l'horizon 2028, indique Florence Lambert.
Une autre perspective industrielle liée à la transition énergétique a été annoncée. L'usine SLB Cameron de Béziers va en effet être convertie dans les nouvelles énergies. SLB réalise depuis 60 ans des grosses pièces mécaniques dans les secteurs du gaz et du pétrole. L'objectif est d'étendre ce site, pour fabriquer des pièces mécaniques destinées notamment à l'éolien offshore. L'investissement de cette extension pourrait se chiffrer à 100 millions d'euros, indiquent plusieurs sources aux « Echos ». « Le site de SLB Béziers, fortement robotisé et automatisé, est compétitif. Nous y avons d'ailleurs rapatrié des pièces qui étaient fabriquées auparavant en Chine », illustre Olivier Peyret, président de SLB France.