Les autoroutes nous accompagnent
Éric Ritter: Pouvez-vous revenir pour nous sur l’A79, la première autoroute en flux libre, et nous dire comment ça marche ?
Guillaume Hérent : L’A79 est une section autoroutière de 88 kilomètres entre Sazeret (Allier) et Digoin (Saône-et-Loire), un axe transversal stratégique pour relier sur des trajets longue distance la façade atlantique à l’Allemagne, la Suisse et l’Italie, via le centre de la France.
L’A79 est la première autoroute en France à être mise en service avec le système novateur de péage en flux libre. Fini les gares de péage avec leurs barrières et les files d’attente. Désormais, 6 portiques équipés de caméras infrarouge permettent d’identifier, quelles que soient les conditions météo, le badge télépéage ou la plaque d’immatriculation et le type de véhicule, déclenchant automatiquement la facturation.
Depuis son lancement en novembre 2022 :
- 4 millions de trajets;
- Deux tiers des paiements sont réalisés par télépéages (clients abonnés);
- Un tiers des paiements sont réalisés après le passage sur l’A79, ou lors de celui-ci, majoritairement depuis le site internet https://paiement.aliae.com/fr/ , et de manière plus confidentielle en utilisant les bornes à pied (bornes de paiement situées sur les 3 aires de repos et 1 aire de services de l’A79).
Éric Ritter: Quels sont les avantages qu’on peut en attendre ? On pense naturellement à l’enjeu de sécurité, mais y en a-t-il d’autres ?
Guillaume Hérent: L’objectif premier du système est de fluidifier la circulation sur les autoroutes à péage en supprimant les barrières physiques et les tickets. Cela permet de réduire les bouchons, de gagner du temps, de supprimer le besoin de décélérations, freinages et réaccélérations aux barrières de péage et donc de réduire significativement les émissions de CO2. Ainsi, selon l’Association des Sociétés Françaises d’Autoroutes (ASFA), un poids lourd dépense un litre de gasoil ordinaire à chaque arrêt à une barrière de péage, soit 3,1 kg de CO2 émis.
Il apporte des bénéfices en matière de confort et de sécurité, car il n’est plus nécessaire de s’arrêter. Par le retrait des barrières physiques, il permet une diminution du stress des conducteurs qui n’ont plus à hésiter et choisir leur voie, à chercher leur moyen de paiement, etc.
L’équipement en infrastructure de flux libre permet une moindre artificialisation des sols
car l’emprise au sol est moindre par rapport à une barrière de péage classique : on estime à 16 hectares la surface nécessaire à une seule barrière de péage.
Eric Ritter: Prévoyez -vous d’étendre le dispositif du flux libre à d’autres autoroutes de votre réseau et à quelle échéance ?
Guillaume Hérent: Le péage en flux libre est l’avenir. Pour les Concessions autoroutières d’Eiffage en France, nous sommes dans une phase de développement et nous accompagnons les utilisateurs dans l’appropriation de ce dispositif, après avoir été les premiers à déployer cette technologie sur l’A79, nous allons développer un flux libre en entrée d’autoroute sur le réseau AREA au cours des quatre prochaines années. D’autres réseaux autoroutiers en France vont basculer sur cette technologie. Le flux libre est l’une des composantes qui contribue à moderniser l’autoroute.
Eric Ritter: Plus généralement, pouvez-vous donner les grandes tendances de l’été sur le réseau APRR-AREA ?
Guillaume Hérent: Nos autoroutes voient passer des millions de véhicules sur leurs réseaux lors des vacances d’été. À quelques jours des premiers grands départs, toutes nos équipes sont mobilisées pour assurer la sécurité et le confort de tous lors de leurs départs.
Un tiers de nos collaborateurs veille sur la sécurité des automobilistes 24 h/24 et 7 j/7. Ils sont les premiers à les protéger en cas d’incident. Nous disposons également de 550 caméras et 1 500 véhicules de surveillance pour intervenir dans les plus brefs délais. Alors que les grands départs approchent, les bons réflexes doivent être adoptés : faire une pause toutes les 2 heures, respecter les distances de sécurité, rester concentré sur sa conduite, ne pas se laisser distraire par son téléphone. La vigilance de tous contribue à la sécurité de chacun.
Je tiens aussi à exprimer qu’il est tout à fait possible de partir en vacances cet été en 100 % électrique. Le temps de recharge et la disponibilité des bornes ne doivent plus être un obstacle pour les automobilistes, de plus en plus nombreux à rouler en véhicule électrique. La totalité des aires de services APRR et AREA dispose de stations de recharge électrique, toutes équipées en haute ou très haute puissance (150 à 350 kW). Le temps d’une pause de 20 minutes sur autoroute, les automobilistes peuvent ainsi acquérir jusqu’à 300 km d’autonomie. Moi-même je pratique la longue distance en véhicule électrique.
Eric Ritter: Pas de mobilité électrique sans infrastructures de charge. En 2035, il devrait y avoir 15,6 millions de véhicules électriques en circulation en France (soit 40 % du total), contre 600.000 actuellement. Pouvez-vous nous dire où en est l’équipement des aires d’autoroute ?
Guillaume Hérent: La stratégie d’APRR est d’investir chaque année pour maîtriser l’impact environnemental de nos activités, protéger la biodiversité et favoriser la diminution des émissions de CO2 de nos clients.
Ainsi, nous sommes résolus à promouvoir et favoriser l’autoroute décarbonée en accompagnant notamment nos clients vers les nouvelles mobilités, dont l’électrique. Depuis le 1er janvier 2023, 100% des 98 aires de services des autoroutes APRR et AREA ont été équipées en points de recharge électrique haute puissance ou très haute puissance, soit environ 800 prises disponibles. Pionnières dans ce domaine, les autoroutes APRR et AREA sont les premières à avoir ainsi équipé l’ensemble de leurs aires de services en stations de recharge électrique. Le maillage de stations de recharge à très haute puissance couvre les 2 410 kilomètres qui desservent des axes stratégiques majeurs, à destination de l’Allemagne, de la Suisse, du massif alpin et du sud de la France. Les utilisateurs d’un véhicule électrique, pour leurs départs en vacances ou un usage quotidien, peuvent voyager sereinement en longue distance avec une station de recharge tous les 30 à 40 km environ.
Toutes les stations répondent aux critères de rapidité, de disponibilité et de confort indispensables pour développer l’électromobilité et contribuer ainsi à réduire l’empreinte carbone du transport :
-4 à 20 points de recharge très haute puissance (150 à 350 kW) par station
-Tous les modèles de véhicule électrique sont acceptés
-Tous les types de modes de paiement et de connecteurs sont disponibles
-Une hotline multilingue est ouverte 24 h/24
-Une carte de mobilité permet de payer sur plus de 80 000 points de recharge en France
Eric Ritter: Bien qu'ils ne représentent que 4 % des véhicules, les bus et les camions sont à l'origine de 40 % des émissions mondiales liées au transport. Comment voyez-vous le marché de la charge rapide sur autoroute ?
Guillaume Hérent: La stratégie d’APRR-AREA est d’investir chaque année pour maîtriser l’impact environnemental de nos activités, protéger la biodiversité et favoriser la diminution des émissions de CO2 de nos clients.
Dans ce cadre, nous accompagnons la transition écologique :
- en développant, depuis plus de 10 ans, les stations de recharges sur 100% de notre réseau
- toutes les stations ont été conçues pour permettre à l’avenir des extensions de nombre de
points de charge : elles sont donc évolutives.
- Pour inciter les utilisateurs à passer au tout électrique, APRR-AREA a, depuis février 2023, mis
en place une réduction au péage de 5% pour les conducteurs de voitures électriques.
- les poids lourds ne sont pas oubliés : ENGIE et APRR vont déployer entre Paris et Lyon le premier réseau de recharge électrique 100 % dédié aux poids lourds à horizon été 2024. Les cinq stations proposées seront équipées à l’ouverture d’une borne de 400 à 500 kW avec deux points de recharge ultra-rapide, permettant ainsi de recharger simultanément deux camions ou autocars électriques. La recharge à très haute puissance disponible sur les bornes permettra aux camions électriques de parcourir la totalité du trajet entre Paris et Lyon, dans les deux sens, avec en moyenne une station tous les 150 km, soit des arrêts au niveau de Melun, Auxerre et Beaune. Le réseau apportera la flexibilité et la fiabilité indispensables aux transporteurs dont les flottes sont aujourd’hui composées de camions affichant une autonomie moyenne de 300 km, en constante augmentation. Ce nouveau service donnera un avantage majeur aux sociétés de transport qui font des rotations régulières sur cet axe et qui pourront ainsi réduire leur empreinte carbone en passant au 100 % électrique. Cette initiative constitue une première en France et marque une étape importante dans le développement de la mobilité électrique et de la décarbonation des moyens de transport.
Eric Ritter: Parlons encore des poids lourds, et, en particulier des SLO (services librement organisés). Flixbus, tout comme Blablacar Bus annonce une augmentation des liaisons cet été et en particulier des centaines de départs supplémentaire chaque jour. Quelles sont les dispositions qui ont été prises ? Y aura-t-il des évolutions significatives en leur faveur à terme ?
Guillaume Hérent: Ces dernières années, les aires des réseaux APRR et AREA ont été régulièrement renouvelées. Toutes nos aires de repos et de services sont d’ores et déjà adaptées à la fréquentation des autocars longue distance de type Flixbus ou Blablacar Bus. Citons par exemple des emplacements de stationnement dédiés et des services adaptés pour les pauses de leur clientèle : sanitaires, restauration, espaces verts, jeux pour enfants, produits régionaux.