Fleur Pellerin a été officiellement nommée Secrétaire d'Etat en charge de la Promotion du Tourisme du gouvernement Valls. Elle se voit également confier le commerce extérieur et les Français de l'étranger. Elle est placée sous l'autorité de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et du Développement international.
Rattaché pour la première fois - et de manière symbolique pour la première destination touristique mondiale - au ministère des Affaires étrangères et du Développement international, le secrétariat d'Etat chargé de la Promotion du Tourisme a été confié à Fleur Pellerin. Ses attributions comprennent également le commerce extérieur et les Français de l'étranger. Depuis quelques jours, cette nomination était attendue.
Le secteur du tourisme n'est donc plus représenté par un ministre à part entière dans le gouvernement de Manuel Valls, mais par un simple secrétariat d'Etat. Auparavant, il était chapeauté par une ministre de plein exercice sous le second gouvernement de Jean-Marc Ayrault, du 18 juin 2012 au 31 mars 2014, ou par une ministre déléguée dans le premier gouvernement Ayrault, du 15 mai au 18 juin 2012. La fonction avait, dans les deux cas été confiée à Sylvia Pinel, qui suivait également parallèlement l'artisanat et le commerce. Sous les gouvernements Fillon, le tourisme était également confié à un secrétaire d'Etat, successivement Hervé Novelli (19 juin 2007- 13 novembre 2010) et Frédéric Lefebvre (14 novembre 2010 - 10 mai 2012).
Née le 29 août 1973 à Séoul, en Corée du Sud, Fleur Pellerin a été adoptée six mois plus tard par des Français vivant en région parisienne. Elle a le parcours d'un haut fonctionnaire classique. Diplômée très tôt de l'Essec en 1994, après un baccalauréat obtenu à à peine 16 ans, elle intègre Sciences Po, puis l'Ena. Fleur Pellerin choisira ensuite la Cour des comptes avant de se lancer en politique, présidant le "Club XXIe siècle", un réseau de hauts responsables destiné à promouvoir la diversité , et participera à la campagne de Ségolène Royal en 2007.
Elle était ministre déléguée à l'Innovation et au Développement numérique dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. C'est la jeune députée des Français à l'étranger, Axelle Lemaire, qui récupère le numérique.
Des professionnels du tourisme inquiets
Les professionnels du tourisme ont donc pris acte de la nomination de Fleur Pellerin comme secrétaire d'Etat chargée de la Promotion du Tourisme, qu'ils espèrent rencontrer rapidement en insistant sur le poids du secteur dans l'économie française, et notamment du tourisme lié à la clientèle nationale. "La promotion du tourisme est indispensable et nous la réclamions depuis longtemps, a - par exemple- réagi ainsi l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH) dans un communiqué. Mais l'économie liée au tourisme qui représente 135 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 7% du PIB, 2,2 millions d'emplois non-délocalisables ne peut se réduire uniquement à la promotion de la France à l'étranger", poursuit-elle, en soulignant que le secteur dépend aussi grandement de la consommation "domestique", c'est-à-dire des Français qui font du tourisme en France.
"Si l'exigence de vendre la destination France à l'étranger justifie un rattachement (au ministère des Affaires étrangères), nous restons inquiets quant aux disponibilités qu'il restera à la ministre pour traiter des dossiers de nos professionnels en France, alors même qu'elle devra s'occuper du commerce extérieur", ainsi que des Français de l'étranger, a souligné de son côté le Groupement national des indépendants, qui regroupe la Fédération autonome de l'industrie hôtelière touristique (Fagiht) et le Syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs (Synhorcat).
Pour Georges Colson, président du Snav, la déception est grande, et ce dès l'annonce de la disparition d'un ministère à part entière dans le nouveau gouvernement de Manuel Valls. "Il va falloir tout recommencer, confiait-il à nos confrères du Quotidien du Tourisme le 4 avril dernier. Recommencer à convaincre, sensibiliser les nouveaux membres du cabinet sur les grands chantiers comme la directive européenne, le para-commercialisme, la vente des assurances et les travaux autour des Assises du tourisme".
Richard Vainopoulos, président de TourCom, lui, a souhaité réagir sur le rattachement du tourisme au ministère des Affaires étrangères : "l’association du tourisme au ministère des Affaires étrangères est tout à fait légitime. En effet, le tourisme en France ne se limite pas aux séjours des Français dans leur propre pays, mais bien aux voyages des Français dans le monde entier. Les agences de voyages sont les premières concernées par ces déplacements à l’international. Professionnelles et consciencieuses, elles consultent impérativement le site du ministère des Affaires étrangères prenant en compte les informations liées notamment à la sécurité de leurs clients. Les chiffres réalisés grâce à l’outgoing en 2013 parlent d’eux mêmes. Les Français voyagent de plus en plus et sont les véritables ambassadeurs de la France à travers le monde". TourCom se félicite donc de cette association qui devrait permettre "une meilleure gestion des dossiers des destinations concernées par les Conseils aux voyageurs, mais aussi les aménagements des directives européennes sur le voyage".