L’objectif du gouvernement est de passer sous la barre des 3000 morts sur les routes d’ici à 2012. Au menu, des éthylotests antidémarrage à bord des autocars scolaires dès la rentrée 2009. La FNTV crie au loup.
Moins de 3 000 morts sur les routes, en 2012 (contre 4615 en 2007 dont 1241 à cause de l’alcool) : c’est l’objectif fixé mi-février 2008 par le Premier ministre François Fillon à son gouvernement à l’issue d’un comité interministériel de sécurité routière. Pour y parvenir, une batterie de mesures.
La plus spectaculaire est la confiscation du véhicule de tout automobiliste conduisant sous l'emprise de l'alcool et déjà condamné pour ce délit. Les fourrières risquent d’être bien pleines…
Mais pour les transporteurs de voyageurs, la mesure la plus marquante est l’obligation, dès la rentrée 2009, d’installer un éthylotest antidémarrage dans tous les autocars scolaires.
Mise à l’étude
Cette mesure est "mise à l'étude" pour tous les autres autocars, a indiqué François Fillon entouré des ministres de l'Écologie, Jean-Louis Borloo, de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, de la Santé, Roselyne Bachelot, et du secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau.
Le coût d'un tel dispositif est évalué entre 1000 et 2000 euros par véhicule. Qui paie ? Pour l’instant, pas de réponse.
Expérience concluante
La Prévention routière expérimente ces appareils depuis 2004 en Haute-Savoie sur une trentaine de conducteurs. “Ce procédé a fait ses preuves : le taux de récidive est quatre à cinq fois inférieur à celui enregistré pour des personnes ayant fait l’objet de sanctions classiques”, affirme l’association.
Discrimination ?
La Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV), qui réclamait un renforcement du rôle de la médecine du travail dans le suivi de la santé des salariés à risque, ne comprend pas pourquoi leur profession est la première visée. La FNTV réclame que cette mesure s’applique à tous les conducteurs professionnels et particuliers. “L’éthylotest antidémarrage est une mesure qui va dans le bon sens, écrit la FNTV dans un communiqué, mais on ne comprend pas pourquoi le premier mode de déplacement visé par ces mesures est celui qui est le plus sûr” (110 accidents corporels en moyenne par an, 6 tués en 2006 NDLR).
La FNTV juge cette mesure “paradoxale” et considère qu’elle “porte un discrédit sur des professionnels de la conduite régulièrement formés à la sécurité (FCOS), dont le taux d’alcoolémie est limité à 0,2g par litre (…) et sur les entreprises qui ont fait de la prévention une priorité depuis de nombreuses années avec des résultats avérés et encourageants”.
Ce que les responsables de la FNTV semblent oublier, c’est l’impact médiatique catastrophique des accidents de cars scolaires liés à l’alcool. Et l’année 2007 n’a pas été épargnée : un conducteur intercepté par les gendarmes dans le nord de la France fin octobre avec 2,94 grammes d’alcool dans le sang. Début octobre, un autocar quittait la route près de Saint-Omer : cinq blessés dont la conductrice en état d’ébriété.
Nathalie Arensonas