Brétigny : la SNCF coincée entre culture de la sécurité et secret d'entreprise
Le Canard enchaîné, daté du 27 janvier 2016 estime - certaines pièces d’enquête à l’appui, principalement des retranscriptions d’écoutes téléphoniques - que la SNCF a «manipulé» ses agents qui étaient appelés à témoigner devant la justice dans le cadre de l’enquête du déraillement de l’express Paris-Limoges à Brétigny-sur-Orge (sept morts le 12 juillet 2013). Au-delà d’un classique double langage qui confirme une sorte de mépris hiérarchique envers les agents exécutants décidemment dans l’air du temps, elles éclairent des pratiques liées au «secret d’entreprise» qui, il est vrai, touchent l’ensemble des sociétés.
Mais du côté du rail, elles ébranlent le dogme de la sécurité qui reste le véritable pilier de la «culture ferroviaire» et son atout essentiel. Fondé sur le règlement des circulations ferroviaires qui oblige à «l’obéissance passive et immédiate au signaux», cette démarche a été historiquement à la base du fonctionnement technique de l’entreprise ferroviaire nationale comme - selon des formules diverses mais comparables - de celle de ses homologues dans le monde entier.
À tel point qu’elle aurait pu «déteindre» sur l’ensemble du fonctionnement de l’entreprise ? Telle une sorte de sous- produit de la discipline militaire qui ne fait pourtant pas «raccord» avec cette souplesse et cette compétitivité tant vantées dans les discours d’entreprise(s).