Au lendemain de l’accident d’autocar scolaire qui a causé la mort de sept collégiens de Haute-Savoie, le conducteur a été placé en garde à vue. Le président de la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV), Serge Fouquet, répond aux questions de Bus & Car.
Bus & Car : dans l’accident de Mésinges, la responsabilité du conducteur semble en cause. Les chauffeurs scolaires sont-ils suffisamment formés à la sécurité routière ?
Serge Fouquet : Il faudra sans doute attendre la fin des trois enquêtes lancées sur ce drame pour tirer les conclusions nécessaires. Certains témoins disent que les feux fonctionnaient. D’autres, et notamment le conducteur, un homme de 49 ans doté d’une solide expérience du transport interurbain, affirment le contraire
Ce passage à niveau, sans être réputé particulièrement dangereux, pose tout de même certaines difficultés techniques à des véhicules de ce gabarit. Il est en dévers, en contrebas de la route et suivi immédiatement par un virage à angle droit. Plusieurs riverains auraient indiqué que des poids lourds touchaient régulièrement le sol à cause de cette configuration. Peut-être l’autocar s’est-il immobilisé au milieu des voies à cause de son porte-à-faux ? Il faut laisser les enquêteurs faire leur travail.
Devrait-on envisager des formations ou des contrôles complémentaires pour les conducteurs de transport scolaire et périscolaire ?
Un conducteur d’autocar se doit d’abord d’obtenir le permis D, qui est un examen plutôt difficile. Il doit ensuite passer la Fimo (formation initiale, voir ci-dessous NDLR) et, tous les cinq ans, la FCOS (Formation continue obligatoire de sécurité). Les transporteurs de voyageurs ne lâchent jamais un nouveau conducteur sur les routes sans qu’il soit accompagné au moins une semaine. Pourrait-on envisager des formations complémentaires ? La plupart des entreprises adhérentes de la FNTV le font déjà, puisqu’elles dépassent largement le montant des cotisations obligatoirement investies dans la formation. Il me paraît aujourd’hui difficile de faire beaucoup mieux. Et il sera de toute façon impossible de mettre quelqu’un derrière chacun des 60 000 conducteurs d’autocar qui, chaque jour, prennent le volant.
Le gouvernement a promis des mesures. À votre avis, de quelle nature seront-elles ?
Nous pensons que le gouvernement tentera d’accélérer ce qui est déjà à l’ordre du jour. C’est-à-dire l’installation d’éthylotests et la généralisation des ceintures de sécurité dans les autocars. Nous sommes favorables à ces deux mesures. Nous avons simplement indiqué que l’équipement de tous les véhicules français ne pourrait se faire avant 2015, car il est impossible d’installer ces dispositifs sur les autocars anciens. Il faudra obligatoirement renouveler le parc avec des véhicules neufs pour les mettre tous aux normes. Il est à la rigueur envisageable d’accélérer le processus pour 2012, mais cela nécessitera un gros effort d’investissement que les collectivités locales, donneurs d’ordres des transporteurs, ne sont peut-être pas prêtes à supporter.
Propos recueillis par Pierre Cossard
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